Le Musée de la musique de Paris réinvente son parcours pour une histoire musicale mondiale

Le Musée de la musique de Paris réinvente son parcours pour une histoire musicale mondiale

À Paris, le Musée de la musique de la Philharmonie a levé le voile, mardi 13 mai 2025, sur son nouveau parcours. Cette exposition permanente célèbre la collection d’instruments en la connectant à une histoire globale de la musique. Mélangeant récits émouvants et inspirations culturelles diverses, ce parcours illustre comment la musique transcende les frontières temporelles et géographiques.

À l’entrée du musée, deux majestueuses installations en cuivre, hauts de trois mètres et nommés Johari Brass Band, accueillent le public. Créées par Sammy Baloji en 2020, elles trônent dans la galerie centrale pour cinq ans. Ces sculptures à la fois instruments, un cor d’harmonie et un soubasophone, sont ornées de scarifications congolaises, symbolisant l’oppression historique. Comme rapporté par nos confrères de Sud Quotidien, ces œuvres rendent hommage aux brass bands de la Nouvelle-Orléans et aux fanfares congolaises, reflet de la réappropriation culturelle par les descendants des esclaves.

Le parcours revisité du musée, conçu dans l’exposition permanente, emporte les visiteurs à travers une exploration des connections culturelles. Olivier Mantei, directeur de la Philharmonie de Paris, affirme que la Philharmonie se tourne vers toutes les musiques du monde à travers une multitude de récits interconnectés.

Marie-Pauline Martin, directrice du Musée de la musique, décrit ce nouveau récit comme une opportunité pour valoriser les cultures non occidentales. Le projet, incubé depuis cinq ans, transcende les simples expositions temporaires en enrichissant l’approche des collections permanentes.

Le cœur de cette innovation est constitué de nouvelles salles regroupant un patrimoine musical mondial. En fin de visite, elles racontent l’histoire des instruments, soulignant leur invention, réappropriation et créolisation. Ces récits témoignent de la manière dont les instruments voyagent et s’influencent mutuellement.

Les anciennes vitrines continentales cèdent place à des vitrines thématiques. Comme le relève Alexandre Girard-Muscagorry, conservateur au musée, l’objectif est de développer des récits spécifiques et thématisés. Ainsi, celle consacrée aux musiques rituelles du Maroc et de la Tunisie remplace les approches généralistes du passé.

Le musée présente également le plus ancien banjo du monde, exposé dans une vitrine spéciale. Cet instrument, ramené d’Haïti en 1841, établit un lien entre les luths d’Afrique de l’Ouest et le banjo américain, symbolisant les interactions culturelles entre l’Afrique, les Amériques et l’Europe.

Ce réaménagement est soutenu par des vitrines intersectionnelles, révélant l’impact des instruments sur les sociétés historiques et contemporaines. Alexandre Girard-Muscagorry explique, aux fils de Sud Quotidien, que ce travail redimensionne les récits en unissant les thèmes environnementaux, économiques et sociaux.

Conclu avec un budget de près de 2 millions d’euros, ce projet redéfinit le Musée de la musique, permettant à seulement 10% de la collection d’être exposée, tandis que le reste reste accessible numériquement. Cette initiative, la plus importante depuis 2009, ravive l’âme d’un musée fondé en 1861 et relocalisé dans la Cité de la Musique en 1997.

Le Musée de la musique de Paris réinvente son parcours pour une histoire musicale mondiale

0 COMMENTAIRES