Le financier présumé du génocide rwandais Félicien Kabuga arrêté près de Paris

Félicien Kabuga, considéré comme le « financier du génocide rwandais » et l’un des principaux accusés encore recherchés par la justice internationale, a été arrêté samedi matin près de Paris, ont annoncé le parquet général de Paris et la gendarmerie dans un communiqué commun.

Agé de 84 ans, M. Kabuga, qui résidait à Asnières-sur-Seine en région parisienne sous une fausse identité, est notamment accusé d’avoir créé les milices Interahamwe, principaux bras armés du génocide de 1994 qui fit 800 000 morts selon l’ONU. Il est visé par un mandat d’arrêt du Mécanisme international, structure chargée d’achever les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

Le génocide commis en 1994 au Rwanda, à l’instigation du régime extrémiste hutu alors au pouvoir, a fait environ 800 000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité tutsi, mais aussi chez les Hutu modérés, selon l’ONU.

Retour sur la chronologie des événements :

Le soir du 6 avril 1994, l’avion du président rwandais hutu, Juvénal Habyarimana, de retour d’Arusha (Tanzanie) où se tenaient des négociations de paix avec la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR, à majorité tutsi, aujourd’hui au pouvoir), est abattu au-dessus de Kigali.

Dans les heures qui suivent, plusieurs ministres, accusés de collusion avec le FPR, sont tués. La Première ministre, Agathe Uwilingiyimana, est assassinée par des militaires, de même que dix Casques bleus belges de la Mission d’observation des Nations unies (Minuar) chargés de la protéger.

Commencent alors les massacres à grande échelle

Les Tutsi sont accusés par le pouvoir, alors dominé par les Hutu, de collusion avec la rébellion du FPR venue d’Ouganda. Des listes de personnes à tuer sont établies par les autorités. Leurs bras armés, les milices hutu Interahamwe et les Forces armées rwandaises (FAR), massacrent méthodiquement les « Inyenzi » (« cafards » en kinyarwanda, pour désigner les Tutsi), ainsi que les Hutu opposés au parti d’Habyarimana et ceux qui refusent de participer aux tueries.

Les massacres s’étendent à tout le pays. Hommes, femmes et enfants sont exterminés à coups de machettes, déchiquetés par les grenades et les obus, dans les rues, chez eux, et même dans les églises et les écoles où ils s’étaient réfugiés.

La population, encouragée par les autorités et des médias, prend largement part aux massacres. La communauté internationale reste paralysée. Le 21 avril, au plus fort des massacres, l’ONU décide, pour des raisons de sécurité, de réduire drastiquement l’effectif de la Minuar, de 2.300 à seulement 270 hommes.

Le 28 avril 1994, la branche belge de l’organisation Médecins sans frontières (MSF) affirme qu’un véritable génocide est en cours

Le 4 juillet, le FPR s’empare de Kigali, mettant fin au génocide. La victoire des rebelles déclenche à son tour un exode de centaines de milliers de Hutu, sur fond d’opération militaro-humanitaire Turquoise, menée par la France.

Celle-ci sera accusée par le FPR de vouloir sauver le régime et les auteurs du génocide.

Le 8 novembre, l’ONU crée un Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha (Tanzanie). En 1998, il prononce ses premières peines de réclusion à perpétuité. Ses décisions constituent la première reconnaissance du génocide contre la minorité tutsi rwandaise par la justice internationale. De nombreuses condamnations ont été depuis prononcées dans le monde pour des faits liés au génocide rwandais.

1 COMMENTAIRE
  • Yirim

    Que justice soit faite

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