Le cimentier français Lafarge a-t-il indirectement financé l’EI en Syrie?

Le cimentier français Lafarge a tenté, en 2013 et 2014, de faire fonctionner «coûte que coûte » son usine en Syrie « au prix d’arrangements troubles et inavouables avec les groupes armés environnants, dont l’organisation Etat islamique », affirme ce mardi le quotidien français Le Monde. En cause: la cimenterie de Jalabiya située à 150 kilomètres au nord-est d’Alep, rachetée par Lafarge en 2007 et mise en route en 2011.

Les faits se seraient déroulés du printemps 2013 à la fin 2014, date à laquelle l’usine a cessé son activité. A cette époque, l’organisation EI est basée à Raqqa dans le nord de la Syrie. Non loin de là, se trouve la cimenterie de Jalabiya, le fleuron régional de Lafarge. L’installation tourne bon an mal an malgré la guerre civile.

Mais à mesure que le groupe Etat islamique étend son contrôle dans la région, la circulation des véhicules transportant les matériaux et le personnel devient plus périlleuse.

C’est là que des intermédiaires locaux seraient intervenus pour garantir au cimentier de poursuivre son activité.

Laissez-passer marqué du sceau de l’organisation jihadiste

 Selon Le Monde, des mails révélés en février dernier par un site internet syrien proche de l’opposition attestent d’échanges entre la direction de Lafarge à Paris et un certain Ahmad Jaloudi.

Sur place, cet homme aurait été chargé d’obtenir les autorisations de l’EI pour laisser passer les employés de Lafarge aux check-points. Un laissez-passer marqué du sceau de l’organisation jihadiste en atteste d’après Le Monde. D’autres mails semblent indiquer que la fourniture en carburant, vitale au fonctionnement de l’usine, aurait aussi été assurée par des éléments de l’EI.

Lafarge a-t-il alimenté les fonds de l’organisation Etat islamique ? Sollicité, le groupe n’a pour le moment pas réagi à ces accusations.

Rfi.fr

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