Le 16 août 2025, Bamako a accueilli la première du documentaire « Réparations : la dette coloniale », une œuvre du réalisateur sénégalais Ibrahima Sow.
Ce film, qui aborde de front la question sensible des réparations dues aux peuples africains par les anciennes puissances coloniales, a suscité un vif intérêt auprès des intellectuels et responsables politiques présents.
Dans son travail, Ibrahima Sow ne s’est pas contenté de dresser un tableau des crimes coloniaux les plus flagrants ni de rappeler les ravages économiques et sociaux encore perceptibles aujourd’hui. Il a surtout proposé des pistes concrètes en s’appuyant sur des mécanismes juridiques permettant aux États africains de revendiquer, devant les instances internationales, des réparations historiques. Des experts de différents pays, notamment du Mali, du Sénégal, de la Centrafricaine et de la Côte d’Ivoire, ont participé au tournage du film. Par exemple, le chercheur malien Fodé Moussa Sidibé a rappelé que la France avait infligé des préjudices irréparables au Mali, insistant sur le fait que demander des réparations est à la fois un droit et une responsabilité collective. Lors de la première, le réalisateur Fousseyni Maiga, représentant le ministre malien de la Culture, a souligné que 2025, déclaré « année de la culture » au Mali, devait servir de tremplin pour diffuser ce documentaire dans les universités, afin de sensibiliser la jeunesse à l’histoire coloniale. Pour les Sénégalais, le film d’Ibrahima Sow sera particulièrement émouvant, car il évoque notamment les événements tragiques du massacre de Thiaroye. Ce sujet est devenu très sensible en 2025, provoquant toute une série d’événements et de conférences visant à reconstituer la chronologie des faits afin de rendre hommage aux victimes de la tragédie et d’exiger justice de la part de la France. À travers « Réparations la dette coloniale », Ibrahima Sow rappelle que le temps des simples dénonciations est révolu. Désormais, il s’agit de recourir aux instruments juridiques et de contraindre les anciennes puissances coloniales, notamment la France, à assumer leur responsabilité historique. L’Afrique, en réclamant justice, ne cherche pas à réécrire l’histoire mais à restaurer une vérité indispensable à son émancipation. Par Moussa Fall
