« La mort du Pape François victime de l’indécence médiatique », (Par Abbé Roger Gomis)

Le 21 avril 2025, au lendemain de Pâques, une terrible nouvelle a secoué le monde : le Pape François est mort.
La veille encore, il avait pourtant donné quelques signes d’espoir sur la place Saint-Pierre, souhaitant « joyeuses Pâques » à ses frères et sœurs et donnant sa bénédiction Urbi et Orbi avec cette humilité et cette chaleur qui l’ont caractérisé tout au long de son pontificat.
Mais à peine l’annonce de son décès diffusée, un phénomène tout à fait gênant s’est déclenché. En quelques heures seulement, la machine médiatique mondiale s’est emballée dans une course effrénée, non pas pour honorer sa mémoire ou méditer sur son héritage spirituel, mais pour spéculer sur sa succession.
Les chaînes d’information en continu, les réseaux sociaux, les sites d’actualité se sont transformés en véritables bourses aux pronostics, dressant des listes de « papabili », analysant les chances de chaque cardinal, discutant des courants conservateurs contre progressistes, comme s’il s’agissait d’une simple élection politique ou d’une compétition sportive.
Cette frénésie médiatique a rapidement contaminé de nombreux fidèles qui, peut-être désorientés par la douleur, se sont laissés entraîner dans ce tourbillon fiévreux de spéculations. Des portraits de cardinaux « favoris » circulent abondamment, accompagnés de commentaires sur leurs positions théologiques, leurs origines géographiques, ou leurs affinités supposées avec tel ou tel lobby au sein du Vatican.
L’Église, institution bimillénaire censée transcender les logiques mondaines, s’est ainsi trouvée réduite à un simple théâtre d’opérations stratégiques et d’ambitions personnelles.
Plus troublant encore est le traitement réservé à la dépouille même du Saint-Père. Avant même que son corps ne soit exposé officiellement à la vénération des fidèles, de fausses images ont circulé sur internet, certaines générées par intelligence artificielle, d’autres manipulées, créant une confusion indigne et perturbant le processus naturel de deuil. Cette précipitation malsaine ne témoigne-t-elle pas d’une société qui a perdu le sens du sacré et la capacité à s’arrêter face au mystère de la mort?
Qu’est devenue notre capacité à faire silence, à nous recueillir, à prendre le temps de la réflexion et de la prière ? Notre monde hyperconnecté a-t-il à ce point perdu le sens des rythmes naturels de la vie et de la mort ? Le pape François lui-même, tout au long de son pontificat, n’a cessé de nous mettre en garde contre cette « culture du déchet », « culture du zapping » et de l’immédiateté qui nous empêche d’approfondir l’essentiel.
Le départ de ce pape qui a touché tant de cœurs par sa simplicité, son attention aux plus fragiles et son appel constant à la miséricorde, mérite mieux que cette agitation stérile. Il mérite que nous nous arrêtions, que nous méditions sur son message, que nous laissions retentir en nous ses paroles sur la fraternité universelle, le soin de la création, l’attention aux périphéries existentielles.
Par amour et par respect pour cet homme qui a consacré sa vie à l’Évangile et au service de l’humanité, accordons-nous ce temps précieux du deuil. Rappelons-nous que dans toutes les traditions, la mort n’est pas qu’un fait biologique mais un passage qui appelle au recueillement, à l’intériorité, à une certaine pudeur. Honorons sa mémoire non par des bavardages spéculatifs mais par un silence habité et par un engagement renouvelé à vivre les valeurs qu’il a incarnées.
Laissons à l’Esprit Saint, qui conduit l’Église Catholique, le temps de souffler où il veut et sur qui il veut. Le conclave viendra en son temps, avec sa solennité et ses procédures séculaires. D’ici là, faisons preuve de cette patience contemplative qui seule peut nous aider à discerner l’essentiel au-delà du bruit médiatique et des agitations superficielles.
Abbé Roger Gomis*
Vous avez parfaitement raison je suis musulmant mais j avais un grand amour pour le Pape François pour sa modestie il plaidait beaucoup pour les opprèssès et les minoritès.