Le dernier rapport de l’Observatoire des inégalités, publié le 3 décembre, met en lumière une progression inquiétante de la pauvreté en France. Selon cette étude, 5,1 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en 2022, fixé à 1 014 euros par mois pour une personne seule. Ce chiffre marque une forte augmentation par rapport à 2002, avec une hausse de 1,4 million de personnes vivant dans la précarité.
Les auteurs, Louis Maurin et Anne Brunner, soulignent que malgré le modèle social robuste dont dispose la France, des faiblesses structurelles subsistent. « Nous avons l’un des meilleurs systèmes sociaux au monde, mais le niveau de vie avant prestations sociales diminue », déclare Louis Maurin, mettant en avant la persistance de l’extrême précarité.
Certaines catégories de la population sont particulièrement affectées. Les célibataires, avec un taux de pauvreté de 12,8 %, les familles monoparentales, à 19,2 %, et les immigrés, à 18,8 %, subissent fortement cette situation. De plus, les jeunes et les personnes en situation de handicap connaissent des taux élevés de pauvreté.
Le travail n’apporte pas toujours une sécurité financière suffisante. Environ 1,1 million de travailleurs ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté, illustrant les lacunes des emplois précaires ou faiblement rémunérés.
Le rapport met également en avant une fracture sociale grandissante. Les 10 % les plus pauvres accèdent seulement à 3,3 % des revenus après impôts, contre 24,4 % pour les 10 % les plus riches. Ce fossé croissant alimente un sentiment d’éloignement pour la population la plus modeste par rapport au niveau de vie des classes moyennes, aggravé par l’inflation des dépenses contraintes comme le logement et l’alimentation.
Malgré la gravité de la situation, le rapport souligne un déficit de réponses politiques adaptées. Les partis traditionnels se montrent peu préoccupés par ces questions, contrairement aux initiatives locales menées par les travailleurs sociaux, les enseignants et les associations.
L’Observatoire insiste sur la nécessité de prendre en compte les inégalités territoriales et les populations mal recensées. Face à l’ancrage durable de la pauvreté, il appelle à des réformes structurelles pour réduire les inégalités et soutenir le modèle social français. Une question de plus en plus centrale pour le tiers des Français préoccupés par le risque de pauvreté.