La Double Défaite Du 23 Juin – Par Pathé MBODJE, M. Sc*

Incapables d’imaginer une formule de rigueur avec la crise de la Covid-19, les organisateurs de la cérémonie de commémoration du 23 juin 2011 ont démontré les limites de leur lutte : ils sont battus par un pouvoir qui fait mieux que ce pour quoi le peuple sénégalais s’était historiquement opposé à Me Abdoulaye Wade : durer au pouvoir et le transmettre à un Medvedev qui pourrait être le beau-frère.

Un groupe d’individus regroupés sur la place publique a été interpellé hier vers midi aux environs du marché Sandaga, devant la pharmacie Guigon. Ils arboraient des t-shirts portant la mention « 23 juin » au dos. La poignée de manifestants interpellés souhaitait rappeler la bataille héroïque du peuple sénégalais contre le régime de Me Abdoulaye Wade le 23 juin 2011 pour s’opposer à ce que le peuple percevait comme une tentative de détourner la loi fondamentale en se présentant à un troisième mandat consécutif qui se terminerait par une dévolution monarchique du pouvoir.
Neuf ans après une Histoire qui ne saurait se renouveler sans bégayer, les organisateurs de la cérémonie de commémoration du 23 juin n’ont pas su s’adapter à l’évolution du temps, dont le double signe d‘une pratique qui se continue sous le régime de Macky Sall et la crise du Coronavirus : il est irresponsable d’appeler à un rassemblement public en pleine crise de la Covid-19, sauf si l’objectif visé veut traduire dans la réalité un combat perdu qui se manifeste encore aujourd’hui ; il est tout aussi irresponsable de chercher à commémorer ce qui, dans les faits, est un échec de la bataille de 2011 quand le successeur de Me Wade se livre aux mêmes pratiques d’une gestion gabegique et clanique du pouvoir. Dans la réalité en effet, le peuple sénégalais a échoué dans sa capacité à imposer une moralisation de la vie publique et politique qui écarterait le clan des affaires et qui ferait mûrement, réfléchir le président Macky Sall sur son devoir de respect vis-à-vis de la Constitution en rejetant toute velléité de mandat induL’effritement continu des libertés devant l’impatience des populations est en effet la preuve de deux intolérances qui se font face : celle de populations revenues de la bataille de 2011-2012, et celle d’un pouvoir débordé cherchant à se maintenir par la force de la coercition.
Le harcèlement contre le commissaire Sadio est par exemple la preuve d’un pouvoir irascible incapable de lire exactement les signaux sociaux de populations indignées : pourquoi tant de force morale exercée sur un individu quand on pratique dans les faits un pouvoir que Sadio ne pardonne pas à Macky Sall ? Car « Vous n’auriez pas dû être président » n’empêche par l’actuel chef de l’État d’être à sa place au moins jusqu’en 2024, même s’il cherche aujourd’hui un autre 23 juin en laissant planer une suspicion sur un troisième mandat impossible à trouver.
Et c’est sans doute le sens qu’il faut donner à ces mouvements de rêves perdus d’un 23 juin 2011 quand les Sénégalais veulent anticiper une bataille en manifestant aujourd’hui pour inviter l’improbable candidat de 2024 à la raison.
*Journaliste, sociologue
2 COMMENTAIRES
  • Diouf

    Très bien dit. En 2012,il n’ya pas eu d’alternance mais plutôt de changement d’hommes .C’est la même politique depuis 2000 peut être même en pire.

  • rené diagne

    pathétique.le mal du Sénégal c est la malhonnêteté intellectuelle,de gens qui ne cherchent qu à faire le buzz..libre à vous vos opinions mais de grâce surfez sur l esprit des gens avec des contre vérités,est un acte lâche

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