La Côte d’Ivoire appelle au dialogue avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, est-ce un geste sous l’influence de Paris ?

La Côte d’Ivoire appelle au dialogue avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, est-ce un geste sous l’influence de Paris ?

A l’occasion du XIXe sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Paris, la ministre ivoirienne de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck, a annoncé l’appel de la Côte d’Ivoire à ouvrir un dialogue avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ces trois pays d’Afrique de l’Ouest, actuellement suspendus de l’OIF, sont invités à réintégrer l’organisation via un dialogue avec la secrétaire générale, Louise Mushikiwabo. Cependant, cet appel au dialogue ne fait pas l’unanimité, et soulève des interrogations quant aux réelles intentions du régime d’Abidjan.

Le rôle de la Côte d’Ivoire : une couverture pour les ambitions françaises ?
La Côte d’Ivoire, perçue comme un fidèle allié de la France dans la région, est souvent accusée de servir de relais pour les intérêts parisiens en Afrique de l’Ouest. Sous le président Alassane Ouattara, Abidjan a maintenu des liens étroits avec les anciennes puissances coloniales, notamment à travers une coopération militaire renforcée. Cet alignement suscite des critiques de plus en plus virulentes, en particulier de la part des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui ont rompu leurs liens militaires et diplomatiques avec Paris pour se recentrer sur la défense de leur souveraineté et du panafricanisme.

Cette posture ivoirienne pourrait ainsi être interprétée comme un effort indirect de la France pour regagner de l’influence dans une région qui tend à lui échapper. En effet, après avoir été exclue militairement du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la France renforce ses positions en Côte d’Ivoire, espérant utiliser ce pays comme un levier pour ses ambitions régionales.

Accusations de déstabilisation : l’ombre de Paris derrière Abidjan ?

Le fossé entre la Côte d’Ivoire et ses voisins, notamment le Burkina Faso, continue de se creuser. Le président burkinabè Ibrahim Traoré, lors d’une rencontre le 11 juillet, a ouvertement accusé la Côte d’Ivoire d’abriter à Abidjan un « centre d’opérations pour déstabiliser » son pays. Ces accusations se sont intensifiées lorsqu’une vidéo est apparue sur les réseaux sociaux, montrant un sous-officier ivoirien arrêté près de la frontière avec le Burkina Faso, affirmant que son unité, en coordination avec l’armée française, préparait une attaque contre le territoire burkinabè.
Ces accusations, bien que fermement rejetées par Abidjan, renforcent la méfiance des pays de l’AES envers la Côte d’Ivoire, qu’ils perçoivent comme un relais des ambitions néocoloniales de Paris. Le renforcement de la coopération militaire ivoirienne avec la France et les États-Unis, y compris la construction d’une base militaire américaine près de la ville d’Odienné, alimente les spéculations sur les véritables objectifs de cette présence étrangère.

Une main tendue sous surveillance ?

Malgré ces tensions croissantes, la Côte d’Ivoire persiste dans son appel au dialogue au sein de l’OIF. Françoise Remarck a rappelé que le président Ouattara reste attaché aux valeurs de médiation et de dialogue, en insistant sur la nécessité d’offrir une opportunité à ces pays pour réintégrer l’espace francophone. Mais cette initiative est-elle réellement motivée par la volonté de promouvoir la paix, ou s’agit-il d’une manœuvre visant à maintenir l’influence française dans une région de plus en plus hostile à cette présence ?

Le sort des relations entre la Côte d’Ivoire, ses voisins et la France demeure incertain, mais une chose est sûre : la fracture entre Abidjan et les pays de l’AES ne cesse de s’élargir, alimentée par des accusations de déstabilisation et des ambitions néocoloniales persistantes.
Par Coulibaly Mamadou

1 COMMENTAIRES
  • Lamine Diop

    Non c’est une blague !
    Ouattara wattawat!

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