Ismaila diallo (Député, premier vice-président) : « De la nécessité d’une gestion rigoureuse de la dette »

La maîtrise de la dette publique constitue un enjeu stratégique pour la soutenabilité des finances publiques et la crédibilité économique d’un État.
Une dette mal gérée peut rapidement devenir un fardeau pour les générations futures, freiner la capacité d’investissement et exposer le pays à des vulnérabilités externes.
Aujourd’hui, la gestion de la dette souffre d’un manque de coordination, lié à la dispersion des responsabilités entre plusieurs entités : la Direction de la Dette Publique (DDP) au Trésor, la Direction de l’Ordonnancement des Dépenses Publiques (DODP) au Budget, la Direction de la Coopération Économique et Financière (DCEF) ainsi que la Direction du Suivi de la Performance des Projets et Programmes (DPPP), toutes deux rattachées au Ministère de l’Économie. Ce morcellement engendre des dysfonctionnements dans la collecte, le traitement et l’analyse des données relatives à l’endettement, ce qui nuit à la prise de décision stratégique.
Il est donc impératif de rationaliser cette architecture institutionnelle, voire de regrouper les structures impliquées dans la gestion de la dette au sein d’un cadre unifié. Cela permettrait d’assurer une meilleure visibilité, une cohérence des actions et une transparence accrue dans la gestion de l’endettement public.
Par ailleurs, une gestion rigoureuse de la dette ne peut se concevoir sans un suivi systématique des investissements publics. Il est essentiel que le Ministère des Finances joue un rôle actif dans la surveillance de l’exécution physique des projets financés par emprunt. L’existence d’écarts non anticipés entre l’exécution physique et l’exécution financière — comme observé dans les cas de certains projets d’infrastructures tels que les stades ou les hôpitaux — traduit une faiblesse structurelle dans la chaîne de gestion des projets publics.
Ainsi, au-delà de la seule logique comptable, une gouvernance efficace de la dette doit s’appuyer sur la transparence, la coordination interinstitutionnelle et le suivi rigoureux de l’impact réel des investissements. C’est à ce prix que la dette pourra rester un outil au service du développement, et non une contrainte pesant sur l’avenir.
Dr Ismaila diallo
Député, premier vice-président