Guerre en Ukraine : A l’origine, des dérives populistes et quels enseignements pour les pays Africains ?

Guerre en Ukraine : A l’origine, des dérives populistes et quels enseignements pour les pays Africains ?


Après Dumbarton Oaks (Conférence qui a jeté les base de l’ONU 21 août –7 octobre 1944) et San Francisco (création de l’ONU avec la signature de la charte de Nation Unis 25 avril 1945 – 26 juin 1945), a-t-on un monde de justice, de paix, de fraternité, de non usage de la force pour régler les conflits etc. conformément aux principes de l’égalité souveraine des Etats et des peuples de la charte des Nations Unies ?
Il est opportun de rappeler qu’à la fin de la première guerre mondiale, l’Allemagne avait capitulé sans renoncer à ses idéaux pangermaniques dont les fondements étaient purement et simplement racistes. La stigmatisation du traité de Versailles comme un diktat relevait simplement d’une propagande guerrière. L’échec de la tentative de certains pays notamment asiatiques de faire appliquer le principe d’autodétermination des peuples et d’égalité des races bénéficia généreusement aux vainqueurs Américains pour des motifs de ségrégation raciale puis Britanniques, Français, …. pour des motifs de colonisation. Pourtant ces derniers pays ont enregistré de lourdes pertes pendant ce conflit : la somme des victimes de ces trois pays dépasse de loin le million : les épisodes de Pearl Harbour, Midway, Coventry, dunkerque etc. sont tragiques.
En 1959, les USA déployèrent des missiles sur des bases de l’OTAN en Turquie. En 1962, la réplique Russe par l’installation de missiles à Cuba a failli plonger le monde dans une troisième guerre mondiale.
L’accession de Volodymyr Zelensky, candidat populiste à la magistrature suprême, entraine une remise en cause d’un statu quo qui est en train de bruler son pays. Ceci malgré un soutien économique et militaire de l’occident sans précédent dans l’histoire du pays. Zelensky avait -il suivi l’actualité en Géorgie en 2008 (il avait 30 ans) où un autre populiste Mikheil Saakachvili a participé à la révolution des Roses qui contraint Edouard Chevardnadze, président du pays et ancien ministre des affaires étrangères de la grande URSS à la démission. Chevardnadze était partisan de la perestroïka (profondes réformes économiques en URSS) et est artisan de la reprise du dialogue avec les Etats-Unis et du retrait des troupes soviétiques de l’Afghanistan. Saakachvili n’a pu empêcher, malgré l’appui des occidentaux et sa demande d’adhésion à l’OTAN, une guerre sanglante contre la Russie qui s’est terminée par la partition de son pays : l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie seront reconnues par Moscou comme Etats indépendants. Saakachvili perdra alors tout ce qu’il avait gagné en termes d’indépendance vis-à-vis de la Russie. Il finit par être un gouverneur de région…….. en Ukraine dont il a pris nouvellement la nationalité.
Des Français pensaient que Sarkozy au pouvoir ouvrirait à un El Dorado après une expulsion en masse d’étrangers (Black et Beurre). La même idée vendue sous Trump en ciblant des groupes. En Grèce Alexis Tsipras avait fait une entrée fracassante comme premier ministre avec comme promesse un mieux vivre ….en se démarquant du remboursement de la dette contractée par son pays sous une menace de sortie de l’Union Européenne. Il finit par en négocier des modalités de remboursement. Même chose avec Jair Bolsonaro au Brésil qui connait une fin de mandat difficile malgré des fortes promesses de changer radicalement son pays. En Egypte, Mohamed Morsi accéda au pouvoir avec les mêmes promesses populaires. Il poussa les initiatives populistes plus loin jusqu’à une menace d’intervention militaire en Ethiopie suite au différend sur le Nil. Le risque d’un conflit ouvert Afrique blanche contre Afrique Noire était là.
Certains de ces personnes ont comme dénominateur commun d’avoir effectué au plus un seul mandat ou un mandat écourté.
Dans le monde Arabe, ceux qui portaient haut le flambeau BAAS (socialisme Arabe) arrivent au pouvoir en Irak (Saddam Hussein) et en Syrie. Les succès économiques ont cédé leur place à des conflits sanglants qui ont dévasté leurs pays et fait des milliers de pertes en vies humaines (guerre avec l’IRAK, guerres du Golf et en Syrie). Les idéologues BAAS ont failli bruler la sous-région Ouest Africaine lors du conflit Sénégalo Mauritanien de 1989, n’eut été la vigilance de certains dirigeants des deux peuples.
A l’éclatement de l’URSS, deux actuelles ex-républiques Russes sont aujourd’hui prospères : le Kazakhstan et l’Azerbaïdjan. Ces dernières optèrent d’autres voix vis-à-vis de Moscou qui excluaient la confrontation. L’une d’elle, le Kazakhstan, abritait en plus les installations spatiales stratégiques de l’URSS (la station de Baïkonour).
Cette guerre par procuration en Ukraine entre l’occident et la Russie est un remake de la guerre froide où les gros perdants sont les innocents dont certains ne comprennent pas grand-chose des enjeux géopolitiques et géostratégiques. Des millions de réfugiés Ukrainiens sont accueillis en Europe en raison du conflit et pour des raisons culturelles selon certains. Des refugiés Africains y sont rejetés pour des motifs peut être non culturels. De centaines de milliards de dollars sont dépensés et seront encore dépensés pour l’armement de l’Ukraine et contrer militairement la Russie.
Ainsi, un montant de 13 milliards d’euros au total en soutien humanitaire, militaire et financier est fourni par des pays partenaires à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe, selon les données relayées par l’agence Bloomberg. Ceci, en moins de deux mois.
En outre, par rapport à 2018, l’Aide Publique au développement (APD) accordée par un partenaire multilatéral à l’Afrique a augmenté de 3,6 % en termes nominaux pour atteindre 25,9 milliards d’euros en 2019 (rapport Comité d’aide au développement (CAD) d’un grand organisme).Ceci doit être comparé aux 13 milliards d’Euro débloqués en moins de deux mois et pour un seul pays de 40 millions d’habitants. L’Afrique compte plus d’un milliard d’habitants.
Peut-on parler d’une empathie occidentale à géométrie variable ? Certains propos de cette presse occidentale qui parle de « ressemblance », de « civilisation » etc. semblent le confirmer. Il ne fait pas l’ombre d’un doute que ce pays mérite le soutien de la communauté internationale comme d’autres pays en difficulté. Sa population souffre de ce conflit qui doit s’arrêter. Mais il urge d’en tirer des enseignements.
Le développement de l’Afrique et les guerres en Afrique sont loin de la préoccupation de la communauté internationale. Une preuve en est la tentative d’interdiction du financement des projets sur les énergies fossiles pour des motifs peu convaincants. La donne précise un réarmement massif évident de l’Europe face à des menaces externes. Nous devons taire nos divergences et accentuer notre coopération, politique, économique et militaire (ZLECAF, monnaie unique, enseignement, recherche etc.). Une politique Africaine de défense commune doit aller de pair avec la poursuite des politiques de développement. L’esclavage et la colonisation ont été facilités par la supériorité militaire : c’est l’île de la Grande Bretagne qui a colonisé l’Inde. Et personne ne se sait ce qui se passera demain dans l’éventualité d’un tarissement de ressources vitales dans certains points du globe.
Il est incohérent d’avoir autant d’espace et de terres cultivables et sombrer dans une dépendance agricole. Certaines cultures Africaines comme le mil et le sorgho ont été délaissées au profit du riz asiatique et du blé Européen, accentuant la dépendance du continent aux importations et l’exposant aux fluctuations des cours mondiaux. La guerre en Ukraine entrainant ainsi une forte tension sur les prix. L’Afrique n’a pas d’emprise sur les marchés financiers, les fluctuations des cours des changes, les subventions etc. Un patriotisme agricole s’impose en plus de politiques durables d’autosuffisance alimentaire. Une monnaie africaine des grands ensembles et des places boursières et financières attractives doivent accompagner tout le processus.
En 1953, le Premier Ministre Iranien Mohammad Mossadegh a été renversé pour avoir nationalisé son pétrole géré par un consortium international de compagnies françaises, hollandaises, anglaises et américaines. Trois ans plus tard, en 1956, la nationalisation du canal de Suez par Gamal Abdel Nasser lui a couté une intervention armée directe vite stoppée par la menace nucléaire de Nikita Khrouchtchev.

Alassane BA
Conseiller en Planification, Docteur en télécommunication, diplômé du COFEB/BCEAO, PES principal de Mathématiques

2 COMMENTAIRES
  • Lamine Diop

    Mélangeons ce qui peut l’être et évitons les amalgames.

    Parlons de l’Afrique car c’est le continent qui nous concerne.
    Laissons les blancs régler leurs problèmes entre eux.
    Quand ils décideront de s’asseoir et de parler ils ne nous demanderont pas notre avis.

    Il faut cependant se demander pourquoi l’aide au développement de l’Afrique stagne et que la politique migratoire de l’ouest s’est rapprochée considérablement pré de nos frontières.
    Aucune critique sur nos crétins de dirigeants qui ont fait le jeu des occidentaux au détriment de leurs citoyens.
    C’est là où les vrais problématiques doivent être posées.
    Pourquoi certains pays s’en sortent et pas d’autres ?
    Pourquoi les valides bras de l’Afrique veulent partir à tout prix ?
    Au même moment les occidentaux cherche par tout les moyens a s’installer en Afrique ?
    Ne serait ce pas un paradoxe ?

    Des sujets brûlants il y en a, donc ne les édulcorons pas.
    Mon petit point de vue.

  • Lunerek

    Analyse très pertinente.

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