L’opposant tchadien Succès Masra a mis fin à sa grève de la faim, après sept jours de jeûne en prison. Cette décision intervient sur recommandation médicale, selon un communiqué de son collectif d’avocats. Détenu depuis le 16 mai 2025, M. Masra avait entamé cette grève pour protester contre ce qu’il considère comme des « injustices imméritées » et pour exprimer sa solidarité avec le peuple tchadien. Dans une lettre écrite le 24 juin depuis sa cellule, il dénonçait les inégalités et l’oppression au Tchad, appelant à la libération des énergies d’un peuple qu’il qualifie de « prisonnier ».
Son état de santé, déjà fragile avant le début de la grève, a suscité de vives inquiétudes. Le jeûne total, sans nourriture, eau ni médicaments, dans des conditions de détention décrites comme « austères », a nécessité une intervention médicale. Un médecin a examiné M. Masra et lui a fortement conseillé d’arrêter la grève afin de reprendre un traitement essentiel. La décision de suspendre le jeûne a été prise en considération de cette recommandation médicale.
Le communiqué souligne l’impact des nombreuses marques de solidarité reçues par M. Masra, notamment de la part de femmes ayant manifesté leur soutien par des actions symboliques, ainsi que l’implication de sa mère. Malgré l’arrêt de la grève de la faim, les avocats de M. Masra continuent de dénoncer son arrestation comme « injuste et illégale », pointant des irrégularités procédurales : absence de mandat, perquisition illégale, saisie d’effets personnels et prolongation illégale de la garde à vue. Ils accusent également la police judiciaire de falsification de documents.
Le rejet de leurs requêtes par la chambre d’accusation le 19 juin est qualifié de « déni de justice » par le collectif d’avocats. Le gouvernement tchadien a lui-même décrit le dossier comme un « procès politique de haute facture ». Me Francis Kadjilembaye, signataire du communiqué, a déclaré attendre avec sérénité la comparution de M. Masra devant le juge d’instruction. Le collectif appelle enfin au calme et à la discipline parmi les partisans de M. Masra, réitérant son appel à la mobilisation pour le respect de l’État de droit au Tchad.
Plusieurs cas similaires de grèves de la faim ont été observés au Sénégal, notamment à la Maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor, où 23 détenus ont suspendu leur jeûne après l’intervention de magistrats. Ces détenus dénonçaient des longues détentions et, pour certains, leur appartenance présumée à une rébellion. La situation de santé des détenus en grève de la faim, comme celle de M. Masra, soulève des préoccupations quant aux conditions de détention et à l’accès aux soins médicaux.
Le cas de l’opposant tchadien rappelle également les grèves de la faim menées par des figures politiques sénégalaises, comme celle d’Ousmane Sonko, dont l’état de santé a fait l’objet d’une alerte de l’administration pénitentiaire. Des médecins sénégalais ont d’ailleurs appelé à l’arrêt de ces grèves de la faim, soulignant les risques pour la santé des détenus.