Géopolitique du Luxe : Le Made in Sénégal Prêt pour la Conquête de l’Afrique

Géopolitique du Luxe : Le Made in Sénégal Prêt pour la Conquête de l’Afrique

« Le luxe s’inspire de l’histoire tout en étant tourné vers le futur. Il fait le lien entre le passé et le futur, entre l’international et le local. »

Instrument de soft power et témoin d’un savoir-faire national, le luxe est un secteur d’expression des enjeux géopolitiques. Ayant largement contribué au rayonnement des pays comme la France, l’Italie ou encore le Japon, le marché du luxe voit désormais émerger de nouveaux acteurs tels que la Chine. En véritable essor, ce marché devrait atteindre plus de 1,3 trillion d’euros d’ici à 2050.

Le Sénégal, sous le magistère du président Bassirou Diomaye Faye, a récemment fusionné le ministère du Tourisme avec celui de l’Artisanat sous la houlette de Mr Mountaga DIAO créant ainsi un cadre plus synergique pour promouvoir ses atouts culturels et économiques. Cette initiative marque une étape importante dans la valorisation du savoir-faire local, mettant en lumière la richesse artisanale du pays sur la scène internationale. Ce regroupement permet de renforcer les liens entre tourisme et artisanat, deux secteurs clés pour l’économie sénégalaise, en maximisant les opportunités de croissance et de visibilité pour les produits « Made in Sénégal ».

Loin des clichés classiques, le luxe est un état d’esprit, un art de vivre, un art de l’excellence. La racine même du mot latin « luxu » est « lux » : la lumière, l’éclat, le brillant. Le luxe désigne dès lors un besoin d’exception qui à la fois transmet et casse les codes. C’est pourquoi il est aussi synonyme d’innovation.

Dans son livre portant le même titre, « Géopolitique du Luxe », Bruno Lavagna affirme que « Tout d’abord, le luxe est issu de la géopolitique. Chaque pays a ses coutumes, son histoire, son patrimoine. Et chacun en fait un luxe. Le luxe incarne une volonté d’exceller. Il permet de mettre le pays au firmament. Cet art de vivre et cette excellence sont une façon d’exercer un soft power. » Aujourd’hui, dans cette nouvelle ère de nation-branding, le luxe est une manière de faire de la politique, car la puissance d’une nation, c’est aussi son savoir-faire et son art de l’excellence. Lors de grandes rencontres internationales, chaque ambassadeur vient avec les codes de son pays : vestimentaires, culinaires, etc. C’est pourquoi le luxe touche en réalité tous les domaines. Il ne représente pas que la mode et l’accessoire. Le luxe incarne la culture au sens large, le savoir-vivre et le savoir-faire.

La mondialisation a évidemment profité à l’industrie du luxe, qui est devenue plus globale. Les grandes marques aujourd’hui sont internationales, mais derrière cette globalisation, il subsiste le local, les spécificités régionales, car la mondialisation permet de toucher toujours plus de consommateurs. Dans tous les pays qui ont su s’affirmer dans ce monde du luxe, il y a des hommes et des femmes qui possèdent un savoir-faire, reçu par d’autres générations, et qu’ils s’efforcent de transmettre. Le luxe s’inspire de l’histoire tout en étant tourné vers le futur. Il fait le lien entre le passé et le futur, entre l’international et le local.

Le Sénégal, pays de la Teranga, se distingue de plus en plus sur la scène africaine du luxe, notamment grâce à l’émergence de nouvelles marques locales. Des jeunes entrepreneurs sénégalais tels que Nene Yaya, Almaria, Momo le Bottier, Mathydy, So Fatou, ou Ynedi se sont rapidement imposés comme des figures importantes dans le domaine des chaussures, des montres, des sacs de luxe et des habits avec comme ambition de promouvoir le savoir-faire local tout en intégrant une touche africaine unique à leurs créations. Grâce à leur engagement envers la qualité et à leur créativité débordante, ils ont réussi à conquérir non seulement une clientèle étrangère, autrefois fidèle au made in Italy, mais aussi de nombreux Sénégalais et Africains. Ces artisans ont su maîtriser les rouages de la maroquinerie de luxe, offrant des produits qui rivalisent avec les standards internationaux tout en conservant une identité africaine distinctive.

Ce succès n’est pas seulement une affirmation du potentiel économique du Sénégal dans le secteur du luxe, mais aussi une validation de l’importance croissante des marques locales sur la scène mondiale. Ils ne se contentent pas de répondre à une demande existante ; ils contribuent également à changer les perceptions sur ce que peut offrir l’Afrique sur le marché du luxe. Leur réussite est un témoignage vibrant de la capacité du Sénégal à se positionner comme un hub de création et d’innovation dans le domaine du luxe, attirant ainsi l’attention et l’admiration à l’échelle internationale.

L’avènement récent du président Diomaye Faye, l’un des plus jeunes présidents du monde, et sa première dame qui a opté pour du 100 % made in Sénégal lors de sa récente visite à Paris, marque une nouvelle ère pour la promotion des artisans locaux. Ce geste symbolique marque le retour du luxe sénégalais sur la scène internationale et renforce la fierté nationale.

Les désignations de Dakar comme capitale du tourisme de l’OCI et hôte des Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2026 offrent des plateformes uniques pour présenter le luxe « Made in Sénégal » à un public mondial en quête de diversité. Le marché africain, quant à lui, est déjà conquis depuis l’époque glorieuse de Collé Sow Ardo, qui habille toujours de nombreux présidents et premières dames africaines, adeptes de la sophistication sénégalaise.

Avec la contribution de tous les acteurs, de l’artisan local aux dirigeants nationaux, le Sénégal s’apprête à vivre des jours radieux, solidifiant sa place sur la carte mondiale du luxe et de l’innovation.

*Mohamadou Manel FALL
Directeur de la Promotion Touristique au Ministère du Tourisme et de l’Artisanat
dpt@tourisme.gouv.sn

18 COMMENTAIRES
  • Xy

    Un article très utile pour les consommateurs locaux et internationaux. Il y’a aussi les marques comme Xalaam, Malado qui proposent de très jolies montres de luxe. Le secteur de l’artisanat se modernise petit à petit avec de jeunes entrepreneurs qu’il convient d’accompagner. Bonne continuation.

  • Henry André Elock

    J’aimerais être pour SENEGO
    un relais et correspondant en Afrique centrale
    Merci d’avance
    j’attends

  • Henry André Elock

    Depuis 98
    #jesuisetooavie

  • Samba gueye

    Il faut passer à l’industrialisation de la couture pour créer des millions d’emploi. Le marché existe en Afrique mais surtout aux usa avec les noirs qui ont un pouvoir d’achat considérable.

    • Xy

      Ça c’est une très bonne idée. Le savoir-faire est là, il faut juste plus d’encadrement et d’accompagnement. Merci

  • BOBODIOUF

    Je suis désolé Monsieur, mais l’accoutrement de la 1ère dame n’a rien de sénégalais. L’accoutrement d’une vraie femme sénégalaise c’est le Grand Boubou et le Tagal. Nous sommes pas des nigérianes. Elles sont très belles les tenues de la 1ère dame mais c’est pas sénégalais. C’est Marième Faye Sall qui portait les vraies tenues sénégalaises, elle c’est une vraie sénégalaise qui a toujours le sourire à la sénégalaise. Kouma saga ak yow !!!

  • Les nuls

    Le luxe tu le vois dans la rue pleine de merde et de mendiants depenaille

  • seydou

    Quid de l’industrie textile au Senegal avant de parler du made in Senegal.

  • Baboudesign

    Géopolitique du luxe: j’adore le titre . Félicitations Mr Fall

  • Baboudesign

    Géopolitique du luxe: j’adore le litre . Très intéressant on a besoin des penseurs

  • Anta Diouf

    Ce sont nos dirigeants qui doivent supporter nos artisans locaux et consommer nos produits

  • Babadiama

    Publier

  • Babadiama

    Article intéressant, fait par un orfèvre de l’art. Monsieur vous êtes à votre place. Bonne continuation pour continuer à conseiller nos nouveaux dirigeants.

  • Syl

    Faire renaître la sotiba simpafrique le bata la Sonadis et d’autres

  • Prince Andre

    Tres belle analysique sur l’outil geopolitique qu’est le Luxe. On travaille sur des projets similaires.

    • Diof

      La délégation (les hommes) ,non pas vraiment valeurisé la culture africaine comme l’ fait le Président excepté un seul Monsieur.
      Pourquoi ils se sentaient obligés de se mettre à l’européenne ?

      • Gueye

        Reste à fabriquer les tissus en Afrique.

    • Diof

      Diof

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