Gambie :Yahya est enfin parti. Et si on se posait les vraies questions ? Par Yafata

Le Roi est mort. Vive le Roi. Apres 22 ans à la tête de la Gambie Yahya est parti. Il laisse à son successeur un pays à réconcilier avec lui-même. Mais il laisse également derrière lui des questions qu’on est légitimement en droit de se poser. Tous à travers le monde, sauf prés de 40% de Gambiens, n’avaient qu’un seul souhait : c’est de le voir partir. Voilà qui est fait. On peut espérer cependant, que l’on dépasse les questions de personnes et que l’on fasse appel à la raison.

Celle de l’esprit et non du cœur. Dans son Laser du lundi 23 janvier 2017, publié sur le site Dakaractu.com le journaliste chroniqueur, M.Babacar Justin Ndiaye a posé la question suivante: « Pourquoi les fameuses Forces en attente de la CEDEAO furent précisément attentistes face au capitaine putschiste Sanogo qui assassina, en 2012, la démocratie malienne, en culbutant le Président ATT ? Entre un Yaya Jammeh qui conteste, aujourd’hui, sa défaite électorale et un capitaine Sanogo qui abrégea, hier, le mandat du Président Amadou Toumani Touré, lequel est plus coupablede forfaiture requérant une fermeté militaire ? » En d’autres terme pourquoi la CEDEAO

n’est pas intervenu militairement au Mali ou encore en Côte d’Ivoire ? La CEDEAO est-elle dans l’égalité lorsqu’elle décide de mener une action militaire dans un pays membre ? Selon Me Ibrahima Diawara invité de l’émission Opinion de WALF/TV du 20 Janvier 2017, « la CEDEAO n’a pas pour rôle de lever des armées, elle n’est pas une organisation militaire. Elle est une organisation économique. Il y a un d’abord problème de légalité. La CEDEAO a-t- elle la légalité de lever une armée pour rétablir ce qu’elleappelle la démocratie dans un pays membre ? Voilà, selon moi la première difficulté à résoudre et qui pourrait poser des problèmes plus tard. L’opération est-elle légale au vue des statuts de la CEDEAO ? Est-elle légale au vue des règles du droit international parce que quoi qu’on puisse dire la Gambie est pays souverain » Toujours selon l’avocat la médiation aurait du régler le problème mais a échoué dés le départ, en fait « ce n’était plus une médiation, mais un ultimatum. En effet, pour Me DIAWARA les médiateurs ont manqué de neutralité, or « le critère premier d’un médiateur c’est la neutralité, la neutralité du médiateur qui est de concilier les deux parties. Ils ont dit tout de suite à JAMMEH de partir sans se poser la question de savoir ce qui s’est réellement passé » a soutenu l’avocat d’hissene HABRE. Et de poursuivre « JAMMEH après avoir reconnu sa défaite, après avoir reconnu sa défaite et félicité son challenger a subitement décidé de faire un recours. Peut-on aujourd’hui raisonnablement refusé à Yahya JAMMEH le droit de faire un recours devant ses propres juridictions aux motifs que la CEDEAO lui demande de partir ? Je pense que si c’est le cas c’est un mauvais message qu’on rend à l’Afrique. »

La question que la CEDEAO et la communauté internationale devaient se poser était de savoir si OUI ou NON la constitution Gambienne a-t- elle ou pas était respectée ? Au lieu de vouloir “rétablir la démocratie, ne fallait t-il pas “faire respecter la légalité constitutionnelle“ en GAMBIE. Voilà autant de questions que les dirigeants de la CEDEAO ont délibérément ignorées. Pour Me Diawara il est claire que le jeu a été faussé dés le départ, car « la CEDEAO avait pour habitude de demander aux Etats membres, pour ce qui concerne la matière électorale, de le régler devant les juridictions, de le régler de manière pacifique devant les tribunaux.

Cette fois-ci malheureusement on se rend compte que la CEDEAO a refusé qu’un litige électoral soit réglé de manière démocratique devant les tribunaux de l’Etat qui est en jeu et c’est ce qui risque de porter un grand préjudice à la CEDEAO. Parce que si la CEDEAO le fait aujourd’hui en Gambie, on n’aura plus aucune raison de ne pas le faire dans les autres pays. Es-ce qu’ils seront prêts à la faire au NIGERIA ? Parce que malheureusement les conflits électoraux sont fréquents en Afrique.»

Comme solution à la crise l’avocat pense que « qu’il appartenait peut-être à la CEDEAO d’essayer de proposer un organe neutre et indépendant qui serait chargé de juger ou d’examiner le recours de Yahya JAMMEH ?… Est-ce qu’il n’était pas de proposer à JAMMEH un organisme indépendant créé par la CEDEAO qui serait chargé de statuer sur son recours. Et le jour où cet organisme ne lui donnera pas raison, je pense qu’à partir de ce moment on serait dans le cas ou Yahya serait en porte à faux avec la légalité. Mais aujourd’hui où il dit “j’ai exercé un recours, j’attends le sort de mon recours“, et qu’on veuille lui dire “quittez immédiatement“, je pense que si la CEDEAO ne fait pas attention cela risque d’être un mauvais message ».

Et d’ajouter plus loin que « c’est une histoire de personne qui nous a mené à ce stade… malheureusement les gens n’apprennent rien de ce qui se passe dans le monde, l’IRAK , la SYRIE, la LIBYE… il est facile d’aller détruire un Etat, mais est-ce que c’est la solution ».

Après tout, comme l’a si bien signalé Babacar Justin Ndiaye,  « Yahya Jammeh a collecté plus de 40% des voix, ce qui correspond à des milliers de citoyens devenus subitement des orphelins et des nostalgiques de son régime. Presque la moitié du corps électoral de la Gambie. Si la réconciliation est en panne, en Côte d’Ivoire, c’est parce que Laurent Gbagbo avait gagné à Abidjan, la très peuplée capitale, et avait réalisé un score avoisinant les 48 ou 49% à l’échelle du pays ». Prions pour que cela ne soit pas le cas en Gambie.

Yafata

1 COMMENTAIRE
  • Abert Auguste

    C’est une analyse pertinente. Le problème en Gambie, c’est que le Sénégal voulait se débarrasser de DJAMMEH et a emballé la décision de la CEDEAO. Elle n’est pas intervenu en Côte d’Ivoire, au Mali, pourra-t-elles le faire au Nigéria au cas où? Autant de questions. Je suis content qu’il parte, mais la CEDEAO a vraiment manqué d’inspiration et de réflexion dans ce problème et c’est ridicule.

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