France: passation de pouvoir à l’Elysée, un président arrive, un autre s’en va

Ce dimanche 14 mai 2017, le président François Hollande transmettra le pouvoir à Emmanuel Macron. Rituel de la vie politique française, la passation de pouvoir est un moment très symbolique qui marque le début du mandat du nouveau président de la République. En France, cette passation se déroule quelques jours après l’annonce des résultats de l’élection présidentielle au cours d’une cérémonie solennelle et protocolaire. Elle est le symbole de la continuité de l’Etat où un président arrive et l’autre s’en va.

La Ve République a connu six passations de pouvoir et six histoires bien françaises. Et elle n’est pas seulement symbolique, cette passation. Pour l’essayiste et journaliste politique, Alain Duhamel, la passation de pouvoir est avant tout un rituel républicain. « C’est normal que ce soit un rituel. Sous la monarchie, la passation de pouvoir, c’était un rituel extrêmement sophistiqué qui commençait à l’instant exact où le roi mourait. Sous la République, la passation de pouvoir entre un président sortant et un président élu, ce n’est pas simplement une cérémonie officielle : c’est un symbole politique, un symbole républicain », dit-il.

Tapis rouge, poignée de main, entretien entre les deux présidents avec la transmission des codes d’accès de la frappe nucléaire et des secrets d’Etat, 21 coups de canon tirés des Invalides, le protocole est parfaitement orchestré.

Le 14 janvier 1959, côte à côte, dans la cour de l’Elysée, le premier président de la Ve République et le dernier de la IVe : René Coty laisse la place au général de Gaulle, et déjà le cérémonial est en place.

Imprimer son style

Le rituel est précis mais chaque nouveau président essaie d’imprimer son style, ainsi en 1974, Valéry Giscard d’Estaingdéroge à la règle en remontant les Champs-Elysées à pied et en costume de ville, et non, comme le voulait la tradition, en voiture et en habit. « Il marche donc, il ralentit un peu la marche, sous les applaudissements du public. Un complet foncé, une cravate bleue… », commente Léon Zitrone. « Il fait beau temps, Monsieur le président, cela s’annonce bien pour votre septennat », interpelle-t-il Valéry Giscard d’Estaing, qui lui répond : « Le temps est superbe et la foule est gaie et sympathique ». Le président parle de simplicité, concernant sa marche à pied ; il s’agit d’un signe de modernité.

21 mai 1981, c’est l’heure de l’alternance, la poignée de main est crispée, le tête-à-tête glacial. « En fait, la passation de pouvoir qui a marqué la Ve République, c’est celle de 1981, quand Valéry Giscard d’Estaing passe le pouvoir à François Mitterrand. Et là, – c’était ce qu’on a appelé la grande alternance –, c’était la première fois que la gauche arrivait au pouvoir depuis 23 ans sous la Ve République. On changeait vraiment d’univers et un peu de société », analyse Alain Duhamel.

François Mitterrand imprimera lui aussi son style. « Pour François Mitterrand, surtout, le grand moment, ça a été ce qu’il avait fait organiser au Panthéon, la cérémonie du Panthéon, qui a un côté, disons, mi-républicain, mi-monarchique, qui était assez étonnante quand on l’avait vue. Il remontait la rue Soufflot suivi par des milliers de personnes, mais ensuite il s’avançait seul : ça avait un côté romain », estime Alain Duhamel.

L’accès au pouvoir, l’aboutissement d’un combat

17 mai 1995, passation bienveillante entre François Mitterrand et Jacques Chirac ; le président sortant est diminué par la maladie.

16 mai 2007, la passation de pouvoir est amicale entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Le nouveau président qui a fait campagne sur la rupture n’hésite pas à innover, il invite toute sa famille recomposée : images glamours sous les ors de l’Elysée.

En 2012, le président Hollande regrettera de ne pas avoir accompagné Nicolas Sarkozy et son épouse jusqu’à la voiture. Pour Alain Duhamel qui a commenté toutes ces passations, l’accès au pouvoir est toujours l’aboutissement d’un long combat.

Le point commun de tous ces présidents, c’est d’avoir derrière eux une longue carrière politique. Ce n’est pas le cas d’Emmanuel Macron, 39 ans, qui va s’installer à l’Elysée. Comment le nouveau président se distinguera-t-il de ses prédécesseurs ? Un seul secret a filtré : ce passionné de littérature devrait rendre hommage à Victor Hugo. Ce sera ce dimanche 14 mai.

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