« Existe-t-il vraiment une diaspora africaine ? », Par Pr Lansana Gagny Sakho

Le mot diaspora dérive du grec ‘sporo’ qui signifie la graine et ‘speira’ c’est-à-dire semer. Il sert à désigner toutes sortes de phénomènes résultant de migrations de population dans plusieurs pays, à partir d’un foyer émetteur. Longtemps utilisé pour désigner la dispersion des juifs dans l’Antiquité, son champ d’application s’est élargi aujourd’hui. Disposant souvent de moyens et politiques, financiers les diasporas parviennent souvent à se faire entendre…

La diaspora israélienne est considérée comme ‘un modèle de réussite’. En 2002 j’avais eu la chance de visiter Israël je fus impressionné par l’énorme contribution de sa diaspora dans le développement et le rayonnement d’Israël. Fortement intégrée et ne remettant jamais en question leur appartenance à leur pays d’accueil la diaspora israélienne participe fortement sur le plan financier, politique, culturel et intellectuel au rayonnement de la nation juive. Son principal point fort reste cependant l’important lobby développé partout dans le monde à la faveur de l’état d’Israël. Sans sa diaspora Israël ne serait ce qu’il est actuellement. En ce qui concerne la Corée du Sud, par exemple, la diaspora coréenne au Japon et aux États-Unis a joué un rôle clé dans l’industrialisation du pays. C’est un bon exemple pour les États fragiles qui sont à la recherche de l’équilibre économique et financier.

A l’image de Israël, la diaspora africaine devrait pouvoir jouer un rôle plus important. Le continent a besoin du soutien de sa diaspora pour construire une société de paix et de prospérité. Israël, la Chine, la Corée, et l’Inde ont montré comment les apports de la diaspora peuvent contribuer de manière significative à transformer les économies nationales. Les approches adoptées par ces nations se déclinent comme des initiatives pilotées par les pays et fondées sur des objectifs partagés entre le gouvernement et la diaspora, tout en étant sous-tendues par une batterie exhaustive de politiques, de structures administratives et de mesures incitatives visant à mettre en place un environnement propice à la mobilisation des ressources de la diaspora (expertise, investissements, esprit d’entreprise et réseaux professionnels) autour de solides piliers de croissance.

Les rentrées d’envois de fonds de la diaspora en Afrique ont quadruplé au cours des 20 dernières années, en atteignant environ plus 40 milliards de dollars (plus 2,6 % du PIB) en 2015. Ces envois qui constituent pour le continent la source la plus importante de recettes étrangères après les investissements directs étrangers servent essentiellement à régler des problèmes d’intendance. La diaspora ne doit pas être considérée seulement comme une source de financement, pour faire face à des problèmes de survie mais comme des partenaires au développement. Il y a donc lieu d’établir de toute urgence des liens plus solides entre les pays africains et la diaspora africaine.

En réalité le premier écueil de la diaspora africaine est identitaire souvent coupés de leurs pays d’origines, les africains de la diaspora ne sont pas pour autant intégrés et citoyens à part entière dans les pays d’accueil. Ce ‘refus’ d’intégration est souvent doublé d’une attitude qui consiste à s ‘ériger en champion de la contestation permanente ce qui naturellement bloque toute possibilité de pourvoir influer positivement sur les politiques des pays hôtes en direction de l’Afrique.

On continue toujours à théoriser sur le massif de la diaspora comme alternative ‘pour construire’ le continent oubliant que l’efficacité la diaspora juive s’est faite à partir des pays hôtes. Le continent regorge de ‘talents locaux’ le concept d’une ‘élite qui viendrait sauver l’Afrique’ ne semble pas l’approche la plus pertinente les retours d’expérience des ‘sauveurs’ n’ont pas toujours étaient concluantes. En réalité la plus part des dysfonctionnements du continent sont endogènes.

Les classes politiques Africaines ont le devoir de créer ces conditions nécessaires et favoriser une forte implication de la diaspora dans le processus du développement du continent… Le préalable reste cependant ‘la crédibilité’ et la capacité de la diaspora africaine à pouvoir influer sur les politiques des pays hôtes.

Pr Lansana Gagny Sakho

 

1 COMMENTAIRE
  • Balde

    Il faut etre independant d’abord.

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