Notre Sénégal vit en ce moment une situation politique inédite, que la majorité des compatriotes vivent ou subissent avec son lot de souffrances. Cette situation mérite un questionnement individuel en tant qu’être humain vivant au Sénégal : quelle serait alors notre responsabilité sur ce qui nous arrive et nous arriverait ?
Notre voix n’est pas aussi audible que certaines, mais le cri de plusieurs de nos petites voix pourrait l’être. En effet, du point de vue de la morale, notre vécu de croyant et d’Africain vivant au Sénégal ne nous aurait pas permis de rester silencieux devant l’injustice – même si certains compatriotes continuent de vociférer, si le climat social le permet, qu’il faut laisser cette « justice » faire son travail !
La justice qui est un des principes de l’éthique, dans toutes ses applications, ne pourrait se valoir d’être juste dans le contexte politique actuel du Sénégal…Où est la morale religieuse qui nous rappelait le bien et le mal, de façon dogmatique, au moment où des concitoyens se réjouissent de la souffrance d’autrui?! Où est le respect de l’Humanité dans les prisons au moment où des prisonniers sont en grève de la faim dans l’indifférence des geôliers qui doivent y préserver leur capital santé ? Quelle est la part de la bienfaisance et de la non malfaisance, dans les décisions politiques « politiciennes » actuellement validées par une Assemblée nationale censée protéger nos valeurs communes et non quelques intérêts individuels ? Nous reste-t-il encore une once d’autonomie, d’indépendance, lorsque le garant en chef de la somme des autonomies individuelles semble nous demander de le supplier juste pour faire valoir ou appliquer des acquis constitutionnels basiques ?
Ainsi, devons- nous continuer à nous taire et à regarder ce spectacle désolant de décadence de nos valeurs éthiques, et même morales, pour juste quelques « privilèges » de ce bas monde finissant ? L’on ne peut alors espérer avoir de l’éthique dans cette démarche «politico-juridico-administrative » voulant faire taire par des moyens non conventionnels, voire illégaux, des voix de femmes, d’hommes, jeunes et moins jeunes, qui aspirent avoir une vie meilleure sur une petite partie de la Terre qu’est le Sénégal – qui n’est point un royaume ! Faudrait-il donc rappeler aux croyants que nous sommes, ou censés être, qu’une vie humaine reste sacrée même si elle est très courte à l’échelle de l’existant et des existences possibles, et que nous ne sommes que de pauvres mortels appelés à répondre de nos actes.
Par Seydina L. Al Mahdi Diagne