Émanciper le pouvoir judiciaire et moderniser les rapports entre gouvernants et gouvernés (Par Alioune Tine)*

Émanciper le pouvoir judiciaire et moderniser les rapports entre gouvernants et gouvernés (Par Alioune Tine)*

Le Président Bassirou Diomaye Faye, en inaugurant les réformes institutionnelles dans notre pays par un dialogue national sur la justice, a choisi une bonne entrée. Il faut absolument par cet exercice salutaire consommer la rupture avec le système. Vous-même P R Diomaye en quittant la prison pour le Palais, vous avez vécu dans votre chaire l’épreuve et des dysfonctionnements de notre justice, l’expérience amère de l’injustice, quid du PM Sonko et de nombreux militants de et de nombreux citoyens sénégalais.

L’opportunité de réparer, de corriger et de soigner notre justice malade n’est plus à démontrer.

Il serait redondant non plus de saluer cette importante initiative.

Le deuxième point important c’est le caractère inclusif et novateur de la démarche qui promeut le citoyen qui dépasse désormais sa simple compétence d’électeur dans laquelle on le confine pour l’acquisition d’une compétence normative. Le citoyen participe à l’élaboration des politiques politiques, ici sur le dialogue national pour une justice indépendante. En plaçant le citoyen au cœur du développement et en sur-classant ,vous elargissez la notion de représentation et de légitimité qui transcende désormais l’onction que confère l’élection. C’est ça la démocratie participative, délibérative et décisionnelle. C’est un pas important dans la modernisation des rapports entre gouvernants et gouvernés.

Quel doit être l’enjeu du débat pour nous ? C’est d’abord une justice indépendante et impartiale et protectrice des droits humains , des libertés fondamentales et surtout de la dignité des sénégalais. Une justice qui défend l’état de droit, un état qui se soumet à sa propre loi, mais pas n’importe quelle loi ! Il s’agît de la loi qui soit conforme aux normes des droits fondamentaux de la personne humaine, une loi qui respecte les engagements internationaux du Sénégal en la matière.

Il nous faut enfin une justice qui échappe aux fourches caudines de l’exécutif. Il faut la sortir de la logique des lettres de cachet de l’ancien régime, avec un procureur aux ordres du ministre, qui lui-même est aux ordres du président de la République. Une justice du fait du Prince, du Coumba am ndey et du Coumba amul ndey. Il faut une justice capable de juger tous les présumés coupables sur le même pied d’égalité quel que soit son rang et quel que soit son statut. Respecter le principe d’égalité de tous citoyens. Il faut pour se faire que l’exécutif ne décide pas de la carrière et des sanctions des juges, donc réformer le Conseil supérieur de la magistrature, on propose même de créer un conseil supérieur de la justice. Le Président ne doit plus siéger dans ses organes, son influence en tant que chef de l’exécutif serait trop pesante et en dernière instance décisive.

Il nous faut une justice qui protège la dignité inhérente à tout être humain. Rebeuss est un cas de violation permanente de la dignité humaine, il faut absolument changer cette situation.

Il faut des juges indépendants, compétents, affranchis des soucis quotidiens pour se consacrer l’esprit tranquille à l’exercice de leur charge. Il faut qu’il y’ait assez de juges et d’avocats pour que l’accès à la justice soit une réalité pour chaque sénégalais. Une justice équitable est un facteur de paix et de stabilité pour le pays . Le Sénégal avec la production du gaz et du pétrole a besoin de crédibilité internale.

Je voudrai enfin saluer chaleurement cette initiative et souhaiter un plein succès.

3 COMMENTAIRES
  • Lamine Diop

    Merci beaucoup pour votre constance !
    Merci beaucoup pour votre voix qui sonne haut et fort.
    Une voix sans état d’âme et sans partie pris.
    Le Sénégal a besoin de panser ses blessures non à s’embarquer sur une voie glissante de la perdition qui nous a été tracé par les colons français depuis 1060.

    Le Sénégal même sous Pastef a besoin d’une douche froide en guise de rappel.

    Ce qui est en train de s’installer n’est pas rassurant.
    On dirait que les rôles ont été inversés et rien d’autre n’a bougé.
    Les tortionnaires sont en position de vulnérabilité et leurs victimes pré à en découdre maintenant qu’ils ont la latitude et les moyens pour se venger.

    Ceci n’est pas la rupture et le changement que l’on voulait.

    L’égalité des chances et devant la loi.
    Ce « plus jamais ça » n’est pas réservé à un camp seulement.
    Oui le règne de Bénno a été sanglant et violent.
    Le nôtre doit montrer que nous pouvons mieux faire en créant une atmosphère propice à une rupture consommée et féconde.

    Le chemin du droit régalien à équidistance est le bon non celui de la vengeance ciblée.
    C’est seulement à ce prix que nous arriverons à nous réconcilier et à nous développer.

  • Cheikh Doucouré

    Les réformes de la justice requièrent plus une démarche institutionnelle qu’un dialogue national. Nous ne sommes pas en zone de conflit encore moins dans un pays où les institutions se sont effondrées. En lieu et place d’un  » dialogue national  » il faut simplement des « assises de la justice  » avec des intervenants ès-qualité. Cette occurrence, même si elle traite de la justice prononcée au nom du peuple, ne doit pas s’ouvrir à tous les segments de la société pour éviter les tendances folkloriques notées lors des derniers dialogues. Il faut rappeler qu’il s’agit de la justice, cette institution dont le nom est une vertu !!!

  • Cheikh Doucouré

    Il faut aussi pour compléter cela que l’effectivité de la mise oeuvre des réformes judiciaires issues de ces assises dépend d’une réelle volonté politique des gouvernants. Je vous en souhaite une bonne réception

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