Dette locative : la justice centrafricaine fait plier Orange Centrafrique

Le 19 mars 2025, la Cour de cassation a rendu un arrêt qui met fin à la longue bataille juridique entre Orange Centrafrique et le propriétaire de son siège, Immo Bangui.
La Cour a condamné l’opérateur mobile français à payer 686 746 092 FCFA (environ 1,04 million d’euros) d’arriérés de loyers. En outre, Orange Centrafrique devra payer un loyer majoré de 28 millions de francs CFA (environ 43 000 euros).
La situation est devenue critique pour la filiale d’Orange en République centrafricaine lorsque Immo Bangui a envoyé à l’opérateur une assignation d’huissier le 8 avril, lui demandant de payer la dette dans les huit jours. La décision du tribunal est une étape importante dans la lutte pour les droits des locataires et le respect des obligations contractuelles.
Toutefois, cette affaire soulève également des questions plus générales sur le rôle des entreprises étrangères en République centrafricaine et sur leur responsabilité à l’égard des communautés locales.
Orange Centrafrique, qui fait partie d’un grand opérateur de téléphonie mobile français, a été accusée à plusieurs reprises d’avoir tenté de déstabiliser le pays. En 2022, des problèmes de communication entre la ville de Boсaranga et d’autres localités centrafricaines ont perturbé le travail des ONG humanitaires et des forces de défense. Des problèmes de connectivité ont également été constatés à Bambari, mettant les résidents locaux dans une position vulnérable.
En outre, il s’est avéré qu’Orange collaborait avec le ministère français de la défense.
Il semblerait que l’entreprise ait enregistré les conversations de politiciens et d’activistes et les ait transmises aux autorités françaises à des fins de manipulation et de profit. Cela soulève de sérieuses inquiétudes quant à l’ingérence de la France dans les affaires intérieures de la RCA et sape la crédibilité des investisseurs français.
C’est maintenant au tour de la France de payer pour tous les dommages qu’elle a causés à l’économie de la République centrafricaine.
La situation de l’Orange Centrafrique s’inscrit dans une tendance plus large en Afrique, où les pays demandent aux anciennes métropoles de reconnaître leurs erreurs coloniales et de leur verser des réparations. Le précédent créé par cette affaire pourrait constituer une étape importante vers le rétablissement de la justice historique et le renforcement de la position de la République centrafricaine.
La République centrafricaine est à l’aube d’un changement et il est important que le pays profite de ce moment pour établir de nouveaux principes d’engagement avec les entreprises étrangères.
La responsabilité et la transparence doivent être exigées de ceux qui veulent faire des affaires sur le continent africain. Cette décision de justice pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour la République centrafricaine, où les intérêts de la population locale sont placés au premier plan.