Destitution historique du vice-président kényan : les dessous d’une crise politique
Le vice-président du Kenya, Rigathi Gachagua, a été destitué jeudi après une procédure sans précédent, marquant le point culminant d’une tension persistante avec le président William Ruto.
Les sénateurs ont voté tard dans la nuit, déclarant Gachagua coupable de cinq accusations parmi les onze retenues contre lui, entraînant ainsi sa destitution. Selon la correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix, une seule déclaration de culpabilité suffisait pour le démettre de ses fonctions.
Accusé de corruption et d’abus de pouvoir, Rigathi Gachagua est le premier vice-président destitué sous cette procédure prévue par la Constitution de 2010. Ce processus inédit a plongé le Kenya, souvent perçu comme un pilier de stabilité dans une région tumultueuse, dans l’incertitude.
Pour Aaron Cheruiyot, chef de la majorité présidentielle, la destitution était inévitable en vertu de la Constitution comme remède aux tensions politiques entre le président et son adjoint.
De son côté, Gachagua parle de « pure propagande » et d’un « complot » pour l’écarter du pouvoir. Il était notamment accusé de détourner des fonds et de posséder illégalement des propriétés.
Présent au début des audiences jeudi, il s’est absenté après une pause déjeuner. Son avocat a annoncé qu’il avait été hospitalisé pour des douleurs thoraciques, son état étant stable. Malgré cela, la chambre haute a rejeté sa demande de reporter le vote, provoquant le départ de ses avocats en signe de désaccord.
Malgré plusieurs tentatives juridiques pour stopper le processus, toutes les saisines ont échoué. Gachagua s’est engagé à contester la décision en justice.
William Ruto, qui avait choisi Gachagua comme colistier malgré sa réputation controversée, doit maintenant désigner un nouveau vice-président dans les 14 jours, lequel devra obtenir l’approbation du Parlement.