Demba Moussa Dembélé critique l’orientation néolibérale des politiques économiques au Sénégal

Demba Moussa Dembélé critique l’orientation néolibérale des politiques économiques au Sénégal

L’économiste sénégalais Demba Moussa Dembélé a adressé une critique sévère envers le document de politique économique du ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération (MEPC). Selon lui, ce texte révèle une inclination manifeste vers une vision néolibérale du développement. Cette opinion a été exprimée dans une tribune intitulée « Critique de la “liberté économique” », partagée sur le site Sud Quotidien.

Demba Moussa Dembélé, chercheur et président de l’Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène (ARCADE), considère que ce document s’inspire des théories économiques prônées par Adam Smith, Friedrich Hayek et Milton Friedman. Selon lui, ces théories favorisent une autorégulation du marché et minimisent le rôle de l’État, une position qu’il juge problématique.

Les principales références de ce document ministériel sont l’Institut Fraser (Canada) et la Heritage Foundation (États-Unis), deux institutions connues pour leurs fortes connexions avec les courants conservateurs et ultraconservateurs. Dembélé remet en question leur objectivité, en accusant leurs indicateurs de privilégier les grandes entreprises transnationales au détriment des PME locales, qui jouent pourtant un rôle crucial dans l’économie sénégalaise. Nous avons lu ce point de vue sur le site de Sud Quotidien.

En outre, Demba Moussa Dembélé critique la méthodologie et l’idéologie sous-jacentes à ces classements, illustrant son propos avec l’exemple de la Chine, une puissance économique majeure, qui se voit pénalisée pour sa « liberté économique » dans ces classements.

Une des préoccupations majeures de Dembélé réside dans le retrait de l’État sénégalais du pilotage du développement, contrairement à des exemples asiatiques réussis comme la Corée du Sud et Singapour où l’État a joué un rôle structurant. Le document du ministère, selon lui, compromettrait la souveraineté économique du Sénégal.

D’un point de vue social, l’économiste s’appuie sur des rapports d’Oxfam International pour montrer que ces politiques aggravent les inégalités et renforcent les systèmes oligarchiques, au détriment des majorités populaires.

Il réfute également l’idée que la « liberté économique » puisse catalyser l’innovation ou réduire les inégalités, citant des dégâts environnementaux causés par des multinationales comme exemple de ces conséquences.

Enfin, Demba Moussa Dembélé appelle à un changement de paradigme vers un modèle développementiste, prônant un retour à la pensée de Keynes en faveur d’un rôle accru de l’État dans le développement économique. Il déplore que le document du ministère ne soit pas à la hauteur des attentes de ruptures économiques et de justice sociale annoncées par les nouvelles autorités, notamment le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko.

1 COMMENTAIRES
  • Anonyme

    Une critique qui débouche sur une proposition reposant sur l’intervention forte de l’État dans l’économie globale selon le modèle Keynésien. On peut retorquer que la politique keynésienne ignore l’aspect structurel de l’économie globale . Chez nous, l’État n’est pas absent du processus de développement par sa politique budgétaire, d’investissements infrastructurel, monétaire, notamment par le biais de la banque centrale, et dans l’orientation de l’économie globale. Nous nous heurtons aussi aux conséquences négatives d’une telle intervention par un endettement excessif et par l’inflation due à des masses monétaires injectées dans l’économie sans contrepartie productive. En définitive, retenons que notre État n’est pas absent de processus de développement économique et global. Une erreur d’appréciation et une fausse querelle en conclusion

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