Saly Portudal, autrefois fleuron du tourisme sénégalais et première station balnéaire d’Afrique de l’Ouest, traverse une phase de déclin accéléré. Selon une analyse de nos confrères de Sud Quotidien, la destination, qui attirait de nombreux visiteurs européens dans les années 80, est aujourd’hui confrontée à la dégradation de ses infrastructures, une insécurité grandissante et un abandon institutionnel qui provoquent la fuite des investisseurs et menacent des milliers d’emplois.
Le délabrement des infrastructures est visible sur le terrain. Les routes sont marquées par de nombreux nids-de-poule et les axes secondaires se transforment en zones boueuses lors des pluies. Le paysage urbain est également affecté par l’absence de toilettes publiques, la prolifération des motos-taxis et la présence de déchets plastiques sur les plages. Ce cadre de vie détérioré contribue à l’affaiblissement de l’attractivité de la station.
Un climat d’insécurité s’est par ailleurs installé, dissuadant les visiteurs. Des phénomènes tels que la mendicité agressive et le racolage sont rapportés. « Avant, les touristes se promenaient jusqu’à minuit. Aujourd’hui, à 20h, la rue est vide. Ils ont peur du noir, peur des motos, peur de tout », témoigne Fatou Sow, commerçante installée depuis quinze ans. Une touriste française a également fait part d’une mauvaise expérience en août 2025 : « On nous a suivies pendant 500 mètres. On a fini par rentrer en courant. Le lendemain, on a pris un taxi pour Dakar. »
Sur le plan promotionnel, le Sénégal accuse un retard notable par rapport à ses concurrents régionaux. En octobre 2025, le site officiel du tourisme marocain enregistrait 1,8 million de visites mensuelles, contre 42 000 pour celui du Sénégal. Le Maroc a investi 1,2 milliard de dollars en marketing entre 2020 et 2025, attirant 14,5 millions de touristes en 2024. Dans le même temps, le Cap-Vert a su se positionner avec succès grâce à une stratégie ciblée et des vols directs depuis l’Europe.
Les acteurs économiques locaux sont également confrontés à des difficultés majeures, notamment une fiscalité jugée excessive. La taxe foncière a triplé en cinq ans et les redevances hôtelières s’élèvent à 18% du chiffre d’affaires. « J’ai investi 300 millions FCFA. Aujourd’hui, je dois 42 millions d’impôts. L’État me tue plus sûrement que la concurrence », déplore M. S. Ndiaye, promoteur depuis 1998. Selon des chiffres du Syndicat des Hôteliers de la Petite Côte pour 2025, 60% des hôtels indépendants ont fermé ou sont en vente. Les emplois directs dans le secteur ont chuté de 54% depuis 2019, et de nombreux investisseurs étrangers revendent leurs biens pour s’installer dans d’autres pays comme le Maroc ou le Cap-Vert.

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