Contribution: La politique sportive du Sénégal sous Macky Sall, un échec (Par Daouda Guèye)

L’explosion du plexiglas suite au dunk rageur de Youssou Ndoye au deuxième quart temps de la demi finale qui a opposé ce vendredi à Tunis l’équipe nationale du Sénégal de Basketball contre celle nigériane, a suscité dans l’esprit de nos compatriotes une appréhension fédérale : Et si c’était arrivé au stadium Marius Ndiaye ?!

C’est parce que nous savons évidemment que le sport sénégalais, toutes disciplines confondues, souffre un manque criard d’infrastructures. Celle pouvant accueillir des compétitions internationales datent du 20e siècle. Et nous savons également qu’il n’y a pas un accompagnement du sport, particulièrement le sport à la base, les équipes de nationale 1 et de nationale 2 pour le football, pour le basket, le handball, etc. Ce n’est que lorsque nos équipes nationales A de football ou de Basketball partent dans une campagne internationale, que nous remarquons un accompagnement tape-à-l’œil de l’État médiatisé à outrance par la propagande du régime.

L’État ne finance pas le sport. D’ailleurs parmi les nombreuses promesses (non tenues) par ce régime, il y a celle faite au monde du sport de consacrer 1% du budget national à leur secteur. En effet, dans l’entre deux tours de la présidentielle, précisément le 08 Mars 2012, le candidat Macky Sall a rencontré le Comité National Sportif et Économique Sénégalais (Cnoss) qui, dans un mémorandum qu’il leur a remis, demandait au deux candidats de consacrer 2% du budget national au sport. Au cours de cette rencontre, Macky Sall a répondu aux membres du bureau exécutif du CNOSS qu’il ne pouvait pas s’engager pour 2%, mais que « 1% ça c’est bien possible ». Dans la même lancée, il ajoutait, avec un air surpris, « Je pensais qu’on était à 0,6 % mais là avec 0,34 %, c’est encore très bas ».

Mais voilà, nous sommes en 2017, le mandat aurait expiré s’il n’avait pas trahi son autre promesse de ramener la durée de son mandat de 07 à 05 ans, et le pourcentage réservé au sport dans le budget national n’atteint même pas les 06% qu’il pensait être atteints en 2012. En effet, la Loi de finance 2017 a arrêté le budget à 3.360 milliards de FCfa, dont seuls 17,596 milliards de F Cfa sont allés au département des sports, soit un taux de 0,52%.

Et encore, la part du sport dans le budget a atteint un niveau record en 2017. En 2013, le budget national est arrêté à 2.531 milliards 116 millions de francs CFA avec pour le sport seulement 10.065.617.920 FCfa, ce qui équivaut à 0,39%. En 2014, le budget est descendu à 2287 milliards FCFA, avec 10,1 milliards au sport, représentant 0,44%. La Loi de finance 2015 a arrêté le budget à 2869 milliards dont 5,8 milliards FCFA pour le département sport équivalant à 0,20%. Et pour l’année 2016, le budget du Sénégal a augmenté à à 3197,507 milliards FCFA, toutefois avec seulement 9.917 milliards, soit 0,31%, au sport.

Grossomodo le budget cumulé de l’État durant ces 05 années de gouvernance Macky Sall monte à 14.244.623.000.000. Et celui cumulé du sport sur la même période s’élève à 53.478.617.920, ce qui donne 0,37%.

Pendant ce temps, pour 2017 le budget cumulé du Conseil National de Dialogue des Territoires (CNDT) que dirigeait feu Djibo Kâ, du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) dirigé par Ousmane Tanor Dieng, et du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) dirigé par Aminata Tall, est de 13.532.000.000 FCFA, soit 0,40% du budget de l’État. Or tout le monde sait que Macky Sall, à travers ces institutions budgétivores, ne vise que la satisfaction de sa clientèle politique. Je passe sur la pléthore de ministres, de ministres conseillers et de chargés de mission. Où est le sérieux ? Il faut dégraisser le mammouth institutionnel pour soulager le sport de sa disette !

Rappelons que devant la représentation nationale, le 04 décembre 2013, le ministre des Sports avait confirmé que la promesse de Macky Sall sera tenue d’ici l’horizon 2017. L’exercice 2017 tire à sa fin. Évidemment, nous sommes encore en présence d’une promesse non tenue.

Dès lors, il ne faut pas nous faire des illusions. Nous ne pouvons construire des équipes nationales solides et compétitives dans la durée sans un accompagnement du sport à la base. Et nous semblons condamnés à vivre continuellement des désillusions dans les campagnes internationales. Pourtant nous avons les talents dans notre jeunesse, nous avons les compétences techniques. Malheureusement nous sommes confrontés à une nolonté politique. Et chaque fois, le discours officiel ressassera les propos tenus par le Président Abdou Diouf, le mardi 21 janvier 1992 en conseil des ministres suite à l’élimination en quart de finale du Sénégal, organisateur de la coupe d’Afrique des nations (Sénégal 92) : « Il faut redoubler d’effort a dit le chef de l’Etat qui a demandé de penser dès maintenant aux échéances futures et de les préparer par l’élaboration rapide d’un plan de relance du football sénégalais par la base » (Article intitulé « Relance du football par la base »,Le soleil, 22 janvier 1992). Il suffit de voir l’état piteux dans lequel se trouvent les clubs de la ligue professionnelle de football. Le « tapalé » – tape-à-l’œil – doit être banni de la gestion de l’État.

Daouda Gueye de Pikine
Professeur de philosophie
Convention nationale des cadre du Grand parti
davehegel@yahoo.fr

4 COMMENTAIRES
  • baru

    Chacun veut se faire entendre pour obtenir quelque chose du gouvernement… Hé hé je suis là aussi et peux écrire et parler…

  • Ibnoul

    Très belle contribution avec beaucoup de pertinence, appuyée par des chiffres qui mesurent le degré d’engagement des autorités dans la politique sportive de notre pays. Et malheureusement ce n’est qu’un exemple sur l’absence d’actions justes au service d’une vision claire pour assurer aux Sénégalais un réel bien être, en accord avec les véritables valeurs humaines.

  • @Ibnoul

    ibnoul, tu trouves que ces chiffres étalés ici veulent dire quelque chose?

  • @@Ibnoul

    @Ibnoul, ces chiffres étalés veulent bien dire et disent clairement que Macky Sall n’a pas tenu sa promesse de donner 1% du budget de l’État au département Sport. Après 5 ans on est à 5,2%. Nous oublions vite parce qu’il y a trop de choses en même temps. Merci à l’auteur de la contribution pour cette piqûre de rappel.

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