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Congo: L'amour des femmes cultivé par les...hommes

Nécessité économique oblige. A Djambala, chef-lieu du département des Plateaux, à près de 450 km au nord de Brazzaville, au Congo, les hommes ne laissent plus les femmes prendre seules la clef des champs…

« Je suis polygame. Aux champs, je travaille entouré de mes deux épouses. Quand l’un de nous est fatigué, l’autre l’aide. Nous ne sommes plus trois, nous formons une seule et même personne ! » Jean-Paul Nkiénankié applique la même solidarité avec les 13 autres membres de son groupement agricole Espoir : « Nous sommes 5 hommes et 9 femmes. Nous avons tous les mêmes activités, les mêmes rôles. Bientôt, je ne serai plus président. Une femme me succédera, c’est la démocratie ! »

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Une bonne entente qui commence à porter ses fruits. « Ensemble, nous cultivons sur un hectare et demi, contre un hectare auparavant. Les femmes savent mieux que nous comment planter et sarcler », observe modestement Joaquim-Jaurès Ngambo, membre du groupement Sainte Rita (8 femmes et 3 hommes). « Avant, les hommes n’allaient aux champs qu’une fois par an ! Ils ont donc tout intérêt à écouter les femmes… Un seul doigt ne peut pas laver la figure », encourage Léon Indoura, chef du quartier Centre-ville à Djambala. Lui-même reconnaît volontiers travailler dans les champs avec sa femme.

A l’échelle du département, Germaine Inko dénombre « 45 à 60 groupements agricoles. Presque tous ont désormais des hommes parmi leurs membres. Certains adhèrent pour être avec leurs épouses. Ils rédigent divers documents et font les gros travaux. » Un coup de main viril apprécié des cultivatrices. « Les hommes dessouchent en une heure des gros arbres. Sans eux, nous mettons cinq fois plus de temps ! Et puis, ils sont plus sociables et arbitrent nos petites disputes », apprécie Martine Joëlle Gabio.

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Pour l’énergique présidente de Jeunesse Onari d’Abala Ndolo (groupement de 10 femmes et 4 hommes), cette bonne entente est rentable : « Grâce à l’agriculture, je gagne plus d’argent qu’un fonctionnaire ! » Martine Joëlle n’exagère pas. Au Congo-Brazza, un représentant de l’Etat gagne autour de 150 000 francs CFA (230 €) par mois, alors qu’une cultivatrice peut toucher jusqu’à 200 000 (300 €), soit 1,2 million de francs CFA pour chacune des deux récoltes annuelles.

A Djambala, les hommes cultivent aux champs, parfois même sans le savoir, l’amour des femmes.

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