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Comment Seynabou Ndiaye a rendu aveugles ses belles-filles de 5 et 3 ans

20 ans de travaux forcés, c’est ce qu’a sollicité  le procureur de la Chambre criminelle de Dakar contre Seynabou Ndiaye, qui comparaissait pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la cécité et commis sur des enfants de moins de 15 ans. Quant à son mari Modou Guèye, il encourt 3 ans de travaux forcés. Cette accusée avait en 2015 à Yeumbeul, battu, brûlé le corps, cogné la tête contre le mur avant d’asperger de la poudre de lessive dans les yeux de Fatou et Nogaye Guèye, âgées respectivement à l’époque, de 5 et 3 ans. A la barre, les larmes ont coulé après que les victimes ont relaté ces sévices qu’elles subissaient. Délibéré le 25 février prochain.  

Ces deux jeunes filles ont subi d’atroces tortures de la part de leur belle-mère Seynabou Ndiaye, alors qu’elles étaient à l’époque respectivement âgées de 5 et 3 ans, les rendant aveugles à tout jamais. Dans sa plaidoirie, leur avocat, Me Ibrahima Mbengue, sidéré par ces violences corporelles qui ont été infligées à ces filles, s’est interrogé sur le devenir de ces pauvres enfants. «Elles étaient parties chez Seynabou Ndiaye en bonne santé et elles sont sorties de chez elle aveugles. Elle nous a restitué des fillettes aveugles. Regardez ces têtes ! Regardez ces yeux hagards. Ce sont des enfants sous-alimentés. Il ressort du rapport du médecin qu’elles ont une cécité définitive. L’œil ne se vend pas. C’est Seynabou Ndiaye qui a empoisonné leur futur. Et même mariées, ces filles ne verront jamais le visage de leurs maris.

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Retour sur les faits

Il a résulté des débats qu’en mai 2015, la belle-mère des fillettes, Seynabou Ndiaye, infligeait des actes de barbarie et de torture aux gamines Fatou et Nogaye Guèye. Alors qu’elles n’avaient que 5 et 3 ans, leur belle-mère les battait avec un fil, leur donnait des coups de pied cognait des fois leur tête contre le mur et d’autres fois, elle leur donnait des coups sur le crâne avec un encensoir. Et pire, il arrivait qu’elle leur verse du gasoil à la tête. Mais le clou, c’est quand elle leur aspergeait de la lessive en poudre (omo) dans leurs yeux. Et pourtant, leur père, Modou Guèye, a été avisé des sévices que sa femme infligeait à ses filles. Mais, il a fait la sourde oreille. Ainsi, fatigués des pleurs constants des fillettes suite aux sévices, les notables du quartier à Yeumbeul et beaucoup d’autres voisins ont saisi la brigade de ladite localité pour dénoncer cette barbarie.

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Le récit glaçant de la petite Fatou Guèye sur les sévices que lui infligeait sa belle-mère

Interrogée, la plus grande des victimes, Fatou Guèye, avait du mal à revenir sur les faits. Ayant révélé qu’elle est en classe de CP et qu’elle suit des cours de Coran, elle peinait à sortir un mot de la bouche. Ce qui a poussé le juge à lui dire qu’elle n’avait rien à craindre et qu’elle pouvait parler sans souci. «C’est elle qui m’a infligé les nombreuses blessures qui sont sur mon corps. Elle nous battait alors qu’on ne lui avait rien fait. Nous vivions tous dans la maison avec ses enfants qu’elle ne battait pas, contrairement à nous. Elle nous frappait avec un fil ou avec ses mains. Elle nous bastonnait fréquemment. Parfois même, elle nous mordait. Elle mettait aussi de la poudre de lessive dans nos yeux. Elle mettait aussi du gasoil dans nos yeux et sur nos crânes. Et à chaque fois que je parlais de ces tortures à notre père, elle nous frappait quand il partait au travail. J’étais même hospitalisée à Diamniadio suite à mes blessures», a-t-elle raconté.

La  petite-sœur Nogaye Guèye fait d’autres révélations

Sa petite-sœur Nogaye Guèye a à son tour enfoncé sa belle-mère. Tête couverte d’un voile noire, cette fillette a d’une voix audible répondu aux questions du juge. «Elle nous frappait avec un fil», a-t-elle dut à l’entame de son audition. Interrogée sur la grande blessure constatée sur sa tête, Nogaye Guèye a révélé : «ma tante cognait ma tête contre le mur. Elle mettait aussi de la poudre de lessive dans mes yeux. Elle a répété cet acte 2 fois sur moi. Cela faisait trop mal aux yeux et je n’arrivais pas à voir. Au moment où je vous parle, je ne vois rien. Elle en a aussi mis dans les yeux de ma grande-sœur, Fatou. Et avant qu’elle n’asperge nos yeux avec cette lessive en poudre, elle prenait le soin de le mélanger avec de l’eau. Elle nous faisait subir tout ceci dans sa chambre. Et on se mettait à pleurer. Ce, à l’absence de notre père qui ne venait que les samedis à la maison. On ne voyait même pas notre grand-mère», lâche Nogaye Guèye.

La belle-mère nie dans un premier temps avant d’avouer

Appelée à la barre, leur belle-mère Seynabou Ndiaye, s’est précipitée à crier pour se disculper. A voix haute, elle soutient : «Tout ce qu’elles ont dit n’est pas avéré. Je n’ai jamais mis de la lessive dans leurs yeux. C’est ma fille de 17 ans qui leur faisait prendre le bain et non moi», s’est défendue l’accusée qui souligne : «Les filles n’étaient pas aveugles lorsqu’elles venaient chez moi.  C’est après qu’elle sont venues chez moi qu’elles ont contracté cette cécité», précise-t-elle. Et de poursuivre sur sa cause. «C’est la crise dont elles ont été victimes qui est à l’origine de leur cécité. , déclare Seynabou Ndiaye qui n’a pas manqué de faire la grande gueule ainsi en se justifiant sur les coups infligés aux fillettes et sur leur blessures. «C’est mon enfant que je battais mais pas les filles. La blessure qui se trouve sur le dos de Fatou, c’est du « Ndoxu siti » et non une violence que je lui ai infligée. Nogaye Guèye, elle, s’est brûlée elle-même à son pied gauche avec l’encensoir » », s’est disculpée la belle-mère qui a été confondue par les clichés faisant état des blessures des victimes et qui lui ont été montrés par le juge.

La maman et le maître coranique des filles enfoncent le clou

Mère des fillettes, Mariétou Ndiaye a déclaré  que c’est après les tortures infligées aux filles par leur tante qu’elles ont commencé à avoir des crises d’épilepsie. Maître coranique de la victime Fatou Guèye, le sieur Diop est revenu à la charge . Fatou faisait des crises à chaque fois qu’elle venait à ses cours de Coran dans mon daara. Elle faisait 2 fois de suite des crises lorsqu’elle venait au daara. Et cela m’a étonné. C’est là que j’ai fait appeler leur belle-mère en lui faisant état de mon constat. Je lui ai confié que tout son corps avait des blessures. Et chaque jour, son corps présentait des blessures fraîches. C’est là que leur belle-mère m’a révélé qu’elle est tombée dans les toilettes, ce qui lui a occasionné ces blessures. Aussi, elle m’a confié qu’elle faisait des crises parce qu’elle ne prenait pas ses médicaments. Par la même occasion, je lui ai dit que Fatou n’avait pas de pain lorsqu’elle venait au daara, contrairement à sa fille Diatou qui était elle aussi mon élève. Les blessures de Fatou ressemblaient à celles d’une personne dont la tête était cognée sur du dur », a narré le maître coranique.

Me Ibrahima Mbengue : «C’est un individu dans sa phase purement animale qu’on a vu aujourd’hui»
  
Avocat des parties civiles, Me Ibrahima Mbengue s’est offusqué de cette violence. «C’est ignoble ce qui s’est passé aujourd’hui. . Et si on donnait un nom à ce procès, la marâtre aurait suffi. C’est l’homme dans sa version purement animale qu’on a vu. Il faut la condamner elle et son mari qui a fui les débats à payer solidairement et à chacune des filles la somme de 250 millions», a plaidé la robe noire. Pour sa part, le procureur a sollicité 20 ans de travaux forcés contre Seynabou Ndiaye et 3 ans de travaux forcés contre son époux Modou Guèye.
Avocat de la défense, Me Abdoulaye Sène a contesté le rapport médical qui a été versé au dossier. Plus loquace, Me Sène a demandé une expertise médicale avant de solliciter la disqualification des faits en violences et voies de fait. «Il ne ressort pas de constatations du médecin que ce sont les coups que Seynabou Ndiaye avait infligés aux enfants qui sont à l’origine de leur cécité. Elle a reconnu avoir donné des coups pour les corriger et non pour leur nuire. Elle n’avait aucune intention de les maltraiter», a tonné la robe noire  le tribunal a fixé le délibéré au 25 février prochain

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