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Climat : Les limites de la décentralisation exposées à la Semaine Climat

C’est une vérité que peu osent dire à voix haute. Pourtant, ce lundi, lors de l’ouverture de la Semaine Climat organisée par Enda Énergie, plusieurs élus locaux et experts l’ont clairement affirmé : la décentralisation, telle qu’appliquée aujourd’hui au Sénégal, ne permet pas de faire face aux enjeux climatiques.

Réunis autour du panel inaugural intitulé « L’architecture institutionnelle des collectivités territoriales constitue-t-elle un atout pour l’action climatique locale ? », les intervenants ont dressé un diagnostic sans complaisance. Le cadre institutionnel reste bancal, flou, et inadapté aux urgences climatiques.

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La maire de Golf Sud, Khadija Mahécor Diouf, a ouvert les hostilités : « La grande réforme de la décentralisation ne réussira que si la dimension climat est pleinement inscrite dans le Code général des collectivités territoriales. Il est urgent de sortir le climat des cénacles d’experts pour en faire une réalité de quartier. »

Son appel, lancé avec gravité, résonne comme une alerte. Car pour l’élue, les communautés doivent être au cœur de l’action climatique. Pas en périphérie. Pas dans les rapports.

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À ses côtés, Mamadou Ndiaye de l’Agence de Développement Municipal (ADM), a élargi le champ des blocages : « Nos collectivités n’ont ni plans climat ni nomenclature budgétaire adaptée. Même quand des financements sont disponibles, les communes n’ont pas les outils pour les capter. »

Une critique lourde, qui met en évidence l’impasse technique et financière dans laquelle sont enfermées les collectivités. Pour Ndiaye, c’est clair : sans réforme de la nomenclature budgétaire, point de décaissement significatif pour le climat.

Mais la faille la plus béante, celle qui empêche tout décollage, est peut-être ailleurs. Maguette Séne, maire de Malicounda, enfonce le clou : « L’absence de ressources humaines qualifiées est la plus grande faiblesse de l’Acte 3. Il faut impérativement l’intégrer dans l’Acte 4. »

Autrement dit, on a transféré des compétences… sans transférer les bras et les cerveaux capables de les exercer. Résultat : des politiques climatiques qui peinent à se matérialiser, des projets bloqués faute d’ingénierie, et une fracture qui s’aggrave entre territoires connectés et territoires en attente.

Ce panel inaugural, dense et sans langue de bois, a eu le mérite de mettre à nu les limites systémiques d’une décentralisation inachevée. Dans un contexte où les territoires sont en première ligne face aux dérèglements climatiques, la réforme institutionnelle devient une urgence vitale.

Plus qu’un débat, ce fut un appel. À repenser l’architecture, à décloisonner les compétences, à investir dans l’humain. Car si les collectivités restent sans moyens, sans outils, et sans hommes formés, le climat restera une promesse de papier.

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