La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine atteint un nouveau sommet alors que Pékin impose des restrictions à l’exportation des terres rares. Ces minéraux, essentiels pour diverses technologies, sont cruciaux autant pour les smartphones que pour les équipements militaires avancés.
Souvent qualifiées de « graines de la technologie », les terres rares jouent un rôle central dans l’innovation moderne. Elles permettent des avancées majeures dans l’électronique, la technologie écologique et médicale. En termes géopolitiques, le contrôle de ces ressources est devenu un enjeu de pouvoir technique mondial, où la Chine conserve une position significative.
Selon le rapport 2024 de l’US Geological Survey, la Chine produit 69 % des terres rares mondiales et contrôle la moitié des réserves. Plus encore, elle domine 90 % de la capacité mondiale de raffinage, positionnant le pays au cœur de la transformation de ces minéraux cruciaux en matériaux utilisables.
Face à cette emprise, les États-Unis ont intensifié leur recherche d’alternatives. Le soutien par l’Inflation Reduction Act et le CHIPS Act stimule l’investissement dans l’exploitation domestique des terres rares. Des sociétés comme MP Materials et Lynas Rare Earths bénéficient d’un support gouvernemental pour développer des installations de traitement.
Malgré ces efforts, démanteler le monopole de la Chine requiert plus que l’ouverture de nouvelles mines. Actuellement, plus de la moitié des minéraux essentiels consommés par les États-Unis sont importés, créant une vulnérabilité stratégique importante. « Même avec des mines rouvertes aux États-Unis et en Australie, la dépendance persiste en raison des capacités de raffinage rentables de la Chine, » explique Umud Shokri, chercheur à l’Université George Mason, à Anadolu.
L’expert met en garde sur les effets d’une rupture de la chaîne d’approvisionnement des terres rares, particulièrement pour le secteur de la défense des États-Unis. Ce domaine dépend fortement de ces matériaux pour la fabrication d’équipements tels que les avions F-35 et les missiles Tomahawk.
Pour minimiser ce risque, des projets tels que le site de Sheep Creek dans le Montana, aux concentrations élevées de terres rares, pourraient répondre à une partie importante des besoins américains, indique Shokri. Pourtant, des accélérations dans le développement sont jugées nécessaires pour anticiper une croissance de la demande mondiale.
Les décisions récentes de Pékin incluent des restrictions sur sept minéraux clés. À partir du 4 avril, les exportations nécessitent des licences émanant du ministère chinois du Commerce. Cette mesure affecte l’intégralité de la chaîne de production, bien que les modalités d’approbation ne soient pas encore claires.
Simultanément, la Chine a élargi sa « liste d’entités peu fiables », limitant ainsi l’exportation de produits à double usage à 16 entreprises américaines. Ce contexte ajoute une incertitude pour les fabricants américains déjà vulnérables aux tensions des chaînes globales d’approvisionnement.
Enfin, la guerre commerciale entre les deux puissances redessine déjà le secteur minier global, analyse un expert dans une interview accordée à Anadolu. Les États-Unis examinent des alliances minérales stratégiques potentielles, comme avec l’Ukraine, un pays riche en titane et terres rares, malgré le contexte géopolitique complexe actuel.
