Cheikh Ahmed Tidiane Ibrahima Niass : Un khalife généreux qui a pu acquérir l’unanimité

Généreux, humble, unificateur, serviable, etc. Ce sont les qualificatifs qui reviennent dans les témoignages des proches du défunt khalife général de Médina Baye, Cheikh Ahmed Tidiane Niass, rappelé à Dieu avant-hier.

Il y a des gens dont la vie comme la mort sont une « bénédiction ». Et selon le porte-parole de Médina Baye, Cheikh Ahmed Tidiane Niass en fait partie. « Donc, rendons grâce au Tout-Puissant. Il est né un dimanche et a également rendu l’âme un dimanche. Il est le fils de Cheikh Ibrahima Niass, son fils biologique et aussi spirituel comme ses frères et sœurs. Baye s’est chargé lui-même de son éducation et a veillé sur lui. Baye disait que Cheikh Ahmed possédait les valeurs des ainés. Il a conseillé à ses fils de se comporter comme les disciples qu’il avait lui-même éduqués. Donc, au-delà de la relation père-fils, il leur a montré le droit chemin. Ils peuvent servir d’exemple à tout enfant qui veut être sur la bonne voie », témoigne Cheikh Mahi Cissé.

D’après lui, Cheikh Ahmed Tidiane était quelqu’un de « distingué, timide, humble, sensible aux malheurs des autres ». Et toutes ces qualités, estime Cheikh Mahi Cissé, sont celles d’un musulman. « Il était très tolérant et unificateur. Il mettait tous les membres de la famille, tous les musulmans sur un même pied. C’est une telle personne qui nous a quittés. Mais c’est comme s’il était encore parmi nous. Parce que son legs, son héritage, ses enseignements sont là. Nous prions pour que la grâce divine soit sur sa famille. Nous prions également pour que le bon Dieu guide son successeur afin qu’il mette les pieds là où son prédécesseur avait mis les siens. Qu’Allah éclaire sa tombe et que la terre lui soit légère afin qu’il se retrouve avec son défunt père », poursuit-il.

« Et ceux qui ont côtoyé Cheikh Tidiane savent qu’il était élevé au rang les plus hauts, grâce aux prières de son père. Cheikh Ahmed Tidiane était quelqu’un qui était passionné par la confrérie tidiane. Parce qu’il savait les vœux de son père et son souhait pour la confrérie. Il a ainsi apporté sa pierre à l’édifice, selon ce que Dieu lui a attribué. Parce que personne ne peut tout accomplir avant sa mort et Cheikh Ahmed a joué sa partition. On ne doit même pas pleurer sa mort. Il a vécu 90 ans dans la modestie, la simplicité », renchérit-il.

Un khalife qui a fait l’unanimité

En général, confie le porte-parole de la famille niassène, il est difficile que les guides religieux soient satisfaits des œuvres de quelqu’un qui veille sur les enseignements de Baye Niass. ‘’Mouhamed Mishri avait une fois confié à ses disciples que si Cheikh Tidiane venait lui rendre visite, il allait lui donner tout ce dont il a besoin, à cause de la façon dont il veillait sur le legs de Baye Niass. Or, il est rare de satisfaire Mishri, vu son attachement à Baye. Nous prions pour qu’Allah facilite la tâche à Cheikh Mahi (nouveau khalife), afin qu’il puisse accomplir sa mission. Pour l’enterrement qui était prévu mercredi, il est reporté à jeudi’’, a-t-il renseigné.

Comme l’a souligné Cheikh Mahi Cissé, personne ne peut accomplir tous les projets sur terre avant sa mort. Cheikh Ahmed Tidiane Niass ne verra pas la nouvelle facette de la mosquée de Médina Baye, qu’il a initiée. « La mosquée était son projet. Il a demandé qu’on la réfectionne. Car, quand Baye construisait la mosquée en 1958, la ville n’était assez peuplée. Mais maintenant, elle ne peut plus contenir les fidèles qui viennent prier ici les vendredis. La plupart d’entre eux priaient sous le soleil. Il s’est engagé à l’agrandir avec ses disciples, sans demander l’aide financière de personne. Toutefois, il disait que tout musulman qui voulait y contribuer volontairement pouvait le faire, car c’est une maison de Dieu. Donc, il ne pouvait pas interdire à un musulman d’y contribuer », rapporte Cheikh Mahi Niass, l’actuel Khalife de Médina Baye.

Selon lui, Pape Cheikh avait confié qu’une fois construite, la mosquée ne portera le nom de personne. ‘’Donc, il travaillait pour cela et avait réalisé des avancées remarquables. On attendait juste la bonne date pour la pose de la première prière. Malheureusement, la Covid a tout chamboulé. C’est vraiment un homme bon, généreux, qui croyait au monde et prenait bien soin de ses hôtes. Baye lui faisait confiance et l’envoyait souvent pour lui faire ses commissions. Il était trop connu au Nigeria et beaucoup de Nigérians donnaient son nom à leurs enfants. Depuis 50 ans, il allait là-bas pour perpétrer les œuvres de Baye’’, affirme-t-il.

Un bienfaiteur

La générosité de Pape Cheikh est chantée partout à Médina Baye et même au-delà. « Pape Cheikh m’appelait affectueusement Baye Tamsir. Il fut vraiment mon confident. Une fois, nous lui avons confié notre argent pour le pèlerinage à La Mecque et nous avons prévu, avec un de mes amis, d’aller en France pour tenter l’émigration. Malheureusement, nous avons été refoulés. Mais quand nous l’avions informé, il nous a dit de refaire nos pièces et de déposer à nouveau. C’était entre 1972 et 1975. C’est quelqu’un qui n’a jamais oublié ses amis. Il est un homme honnête, franc et sincère en amitié », narre El Hadj Tamsir Diop, ami du défunt khalife. Ce dernier rapporte que durant le mois de ramadan dernier, il ne pouvait pas se déplacer chez lui, à cause du corona, mais il a remis de l’argent à un de ses fils pour qu’il le lui apporte jusque chez lui. « Et c’est lui aussi qui m’a donné le mouton que j’ai sacrifié pour la Tabaski et j’étais le n°222. Donc, on ne peut même pas imaginer le nombre de moutons qu’il offre chaque année. Il est unique en son genre. Je ne connais pas un homme aussi gentil, généreux, sociable », renchérit-il.

Bras droit de Baye Niass, le fils du défunt Cheikh Baye Niass révèle qu’il fut le premier à offrir un véhicule à son père. « Il était un fils et un disciple en même temps. Le Nigeria était le pays où il allait le plus. Durant la fête de Korité, il a distribué cette année plus de 1 000 bœufs. Sa mission, c’était d’aider les nécessiteux. Il était l’homonyme de Cheikhna Ahmed Tidiane de Fass », souligne-t-il.

Pour Seyda Rokhayatou Niass, Cheikh Ahmed était un ami, un guide, un grand frère. « Il réglait tous mes problèmes financiers sans dire un mot. Il était généreux et unificateur. Il prenait soin de toute sa famille et ses disciples. Tous ses biens, son savoir étaient destinés aux croyants. Il ne faisait que du bien pour ses prochains. Nous lui rendons hommage et prions pour lui, pour le repos éternel de son âme. C’est un bon pratiquant, car il était tout le temps à la mosquée. Les Haoussa du Nigeria qui logent chez lui, sont inconsolables depuis l’annonce de son décès », affirme-t-elle dans le quotidien EnQuête.

1 COMMENTAIRE
  • Abdoulaye Diallo

    machallah

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