Chef de l’opposition, article 80, réseaux sociaux : Le Dialogue face à ses tabous

Longtemps laissés en marge des débats institutionnels, des sujets aussi sensibles que le statut de chef de l’opposition, la réforme de l’article 80 ou l’encadrement des réseaux sociaux ont été abordés sans détour lors du Dialogue national 2025. Entre tensions assumées et volontés de compromis, ces discussions marquent un tournant dans la manière dont le Sénégal interroge sa démocratie.
Au cœur de l’édition 2025 du Dialogue national, la Commission « Démocratie, Libertés et Droits Humains » s’est attaquée à des sujets longtemps restés tabous.
Pendant plusieurs jours, majorité, opposition, société civile et experts ont débattu avec franchise de thématiques explosives : la reconnaissance effective d’un chef de l’opposition, la révision controversée de l’article 80 du Code pénal, l’encadrement juridique des réseaux sociaux, ou encore la transparence du financement politique.
Malgré une volonté partagée de consolider la démocratie, des points de désaccord ont émergé au sein de la Commission.
La mise en œuvre du statut de chef de l’opposition, le prononcé exclusif de la déchéance électorale par un juge, ou encore la création d’un Observatoire national de la démocratie ont suscité des réserves, notamment de la majorité, préoccupée par leur pertinence ou leur redondance.
Des divergences ont également été notées sur l’élargissement de la saisine du Conseil constitutionnel aux citoyens et la publication des sondages, soutenus par la société civile mais rejetés par une partie des acteurs politiques.
D’autres sujets sensibles restent en suspens : l’encadrement des réseaux sociaux, la protection des journalistes et des organisations civiles, ou encore la régulation des fonds politiques et la clarification du régime institutionnel du Sénégal. Autant de chantiers qui appellent des discussions plus approfondies.
En dépit de ces tensions, les échanges ont révélé une maturité démocratique croissante et un engagement collectif pour faire avancer les réformes, dans un climat de respect et d’écoute mutuelle. Pour que ce dialogue porte pleinement ses fruits, ses conclusions devront se traduire en actes concrets et durables, seuls garants d’une confiance renouvelée entre institutions et citoyens.