À l’occasion du cinquantenaire de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Afrikajom Center a réuni, du 18 au 20 juin à Dakar, plus d’une centaine d’acteurs – représentants étatiques, institutions communautaires, chercheurs, leaders associatifs et jeunes engagés – pour dresser un bilan lucide et dessiner les contours d’une CEDEAO des peuples.
Sous le thème fort « Changer ou périr », les échanges ont pointé les dysfonctionnements majeurs de l’institution face aux crises démocratiques, à l’insécurité, aux blocages économiques et aux défis numériques. Sept panels thématiques ont permis d’identifier les urgences et d’esquisser une transformation ambitieuse autour de cinq axes majeurs.
Les participants ont dénoncé la dépendance aux infrastructures étrangères et le retard dans la régulation régionale. Ils appellent à bâtir des data centers souverains, à investir dans la formation des jeunes et à inscrire l’Afrique de l’Ouest dans les grandes instances de gouvernance numérique.
Face aux coups d’État et aux manipulations constitutionnelles, les recommandations insistent sur la limitation des mandats, la réforme des institutions, la liberté de la presse et la participation citoyenne.
La marginalisation des jeunes, des femmes et des personnes handicapées reste un frein majeur à l’intégration. Un Fonds CEDEAO pour la jeunesse et des quotas de représentation sont proposés.
Pour sortir de la dépendance au franc CFA et relancer le projet de monnaie unique, les intervenants prônent l’harmonisation des politiques économiques, le soutien aux PME locales et une véritable industrialisation régionale.
La libre circulation, souvent entravée par la corruption et la violence aux frontières, doit devenir une réalité. La généralisation de la carte biométrique, la reconnaissance des diplômes et la protection des migrantes figurent parmi les propositions phares.
À l’aube de son second demi-siècle, la CEDEAO est sommée de se réinventer ou de s’effacer. La conférence de Dakar plaide pour une communauté ancrée dans les aspirations populaires, démocratique, souveraine et capable de répondre aux défis du XXIe siècle. Plus que jamais, l’heure est à l’action collective.
CEDEAO c’est fini !