Thierno Souleymane Diop Niang propose des pistes pour l’avenir de la CEDEAO après l’AES
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Dans un contexte marqué par le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO pour former l’Alliance des États du Sahel (AES), le chercheur en relations internationales et géopolitiques, Thierno Souleymane Diop Niang, a présenté, le 25 février dernier, des recommandations pour transformer la CEDEAO en une véritable organisation orientée vers ses citoyens d’ici 50 ans. Cette intervention s’est déroulée lors d’une conférence préparatoire du cinquantenaire de l’institution régionale, célébré en mai prochain.
Thierno Souleymane Diop Niang a insisté sur la nécessité de réécrire l’histoire de la CEDEAO pour faire de cette organisation, souvent perçue comme gérée par une élite restreinte, un vecteur de progrès pour plus de 400 millions de citoyens. Il souligne que, depuis sa création en 1975, l’accent doit être mis sur les réalisations tangibles en faveur des populations, en communiquant clairement sur ses missions, son organisation et sa vision à travers des moyens technologiques modernes, y compris l’intelligence artificielle. Ce besoin vise à restaurer la confiance des citoyens et à donner aux jeunes les outils nécessaires pour défier les endoctrinements et le particularisme en période de crise.
Le chercheur préconise également un investissement substantiel dans les secteurs de la culture et de l’éducation pour mieux comprendre les événements clés de la région, tels que la guerre du Biafra et les conflits en Sierra Leone et au Liberia. Il propose également la création de programmes dynamiques de leadership dans les universités ou auprès de think tanks ouest-africains, afin d’encourager l’engagement des jeunes de la CEDEAO.
Sur le plan politique, Thierno Souleymane Diop Niang estime que la séparation des États de l’AES reste en grande partie théorique et appelle la CEDEAO à les réintégrer en les considérant comme une entité sous sa juridiction. Il suggère également la réforme du Parlement de la CEDEAO pour permettre un vote direct des citoyens, promouvant ainsi l’intégration régionale.
En matière de défense, le chercheur propose la création d’une force militaire stratégique par une collaboration entre les États membres, tout en critiquant la démocratie électorale passive face aux réels défis économiques et sociaux. Selon lui, une monnaie commune résultant de la fusion de l’UEMOA et de la CEDEAO pourrait financer plus efficacement l’économie régionale, prévenir les déficits budgétaires et concurrencer les devises étrangères qui alourdissent le service de la dette et fragilisent la région.
Sur le plan économique, Thierno met en avant l’importance d’infrastructures telles que des autoroutes interconnectant les villes de la CEDEAO pour dynamiser le commerce régional. Il évoque également la mise en œuvre d’une politique fiscale commune pour faciliter une répartition équitable de la fiscalité et favoriser la création d’une classe moyenne capable de nourrir une croissance économique endogène.
Enfin, en ce qui concerne la gouvernance économique, il souligne la nécessité d’exploiter pleinement le potentiel fiscal régional. Il propose une industrialisation stratégique de la région soutenue par une gestion efficace, capable de canaliser les flux financiers illicites, comme l’a révélé le rapport de Thabo Mbeki qui chiffre ces flux à un niveau supérieur à l’aide publique au développement.
Ces points ont été développés lors de la conférence, un événement rapporté par Sud Quotidien où les journalistes N’dèye Aminata Cissé et Mariame Djigo ont relayé les perspectives de Thierno Souleymane Diop Niang pour l’avenir de la CEDEAO.