Casamance : 18 décembre 1983, un repère historique marquant l’an 1 du MFDC

Casamance : 18 décembre 1983, un repère historique marquant l’an 1 du MFDC

Le 18 décembre 1983 demeure un repère marquant dans l’histoire de la rébellion en Casamance. Ce jour-là, en anticipant le premier anniversaire de leur mouvement initialement prévu le 26 décembre, les rebelles du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) ont pris de court les forces du Groupement Mobile d’Intervention (GMI), stationnées près de l’ancien ONCAD, à proximité de l’hôpital Silence. Cette attaque, qui a causé officiellement 18 morts, principalement parmi les civils, symbolise l’entrée dans l’an 1 du conflit.

En parallèle, les écoles, dans un contexte marqué par les tensions, anticipaient déjà les célébrations des fêtes de Noël et de fin d’année, donnant un aperçu de la vie quotidienne bouleversée par ces événements.

La genèse du conflit

Le conflit trouve ses racines dans les événements du 26 décembre 1982, lorsque des membres du MFDC ont organisé une marche pacifique à Ziguinchor. Partis de la forêt de Djibélor, hommes et femmes brandissant un drapeau blanc ont atteint la gouvernance pour exprimer leurs revendications. Mais cette manifestation fut sévèrement réprimée par les autorités.

Cette répression a poussé une partie du MFDC à se radicaliser et à créer une branche armée appelée Atika (« les combattants » en langue diola). Ainsi est née une rébellion qui, quatre décennies plus tard, continue de marquer la région naturelle de la Casamance.

L’évolution du MFDC

Après la mort de l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, figure emblématique du MFDC, en 2007, le mouvement s’est fragmenté. Aucun leader naturel ne s’est imposé, et les différentes factions se sont disputé l’héritage politique et militaire du MFDC.

Depuis, la Casamance vit dans une situation ambiguë de « ni guerre, ni paix ». Certaines factions rebelles, comme celle de Mangokro, ont déposé les armes mais continuent de réclamer l’indépendance. En revanche, des groupes plus radicaux, proches de Salif Sadio, poursuivent des activités illicites et refusent de déposer les armes, notamment dans les zones frontalières avec la Gambie.

Des avancées et des défis

Malgré ces tensions, des avancées notables ont été réalisées. En 1992, Kamoughé Diatta, chef de la base rebelle « Diakaye », avait signé un accord de paix avec l’État sénégalais. Plus récemment, en 2022, cette même base a accepté de déposer les armes, marquant un pas vers la paix.

Depuis 2023, l’armée sénégalaise a intensifié ses opérations, démantelant les bases rebelles restantes. Cette offensive a affaibli les factions encore actives et limité leurs capacités opérationnelles, ravivant l’espoir d’une résolution durable du conflit.

En parallèle, des initiatives pour le rapatriement des déplacés ont débuté dès 2020, témoignant d’une volonté de réintégrer les populations affectées par le conflit.

Une crise politique multigénérationnelle

Depuis le début du conflit en 1982, trois présidents sénégalais ont tenté, chacun à leur manière, de mettre fin à cette crise. Abdou Diouf, Abdoulaye Wade (2000-2012) et Macky Sall ont tous adopté des stratégies différentes, mais aucun n’a encore réussi à en venir à bout.

Les nouvelles autorités, entrées en fonction en mars dernier, envisagent une approche ambitieuse. Le Premier ministre Ousmane Sonko, ancien maire de Ziguinchor, a annoncé un plan national de relance pour la Casamance, visant à encourager le retour des déplacés et à revitaliser la région.

Vers une sortie de crise ?

Quarante-deux ans après le début de cette rébellion, la Casamance semble se trouver à un tournant décisif. Si les avancées militaires et les initiatives de réconciliation se poursuivent, le rêve d’une paix durable pourrait enfin devenir réalité. Cependant, le défi reste immense, et seule une stratégie inclusive et cohérente pourra apaiser définitivement les tensions.

2 COMMENTAIRES
  • Djkde

    Que la paix tant souhaitée règne définitivement dans cette belle Casamance. Amen 🤲

  • YES

    Si Mayotte est une colonie française, que doit-on penser de la Casamance ?

Publiez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *