La Coupe d’Afrique des Nations (CAN) apporte chaque année ses lots de derbys passionnants et souvent passionnés.
Cette année l’équipe nationale masculine de football du Sénégal est bien servie. Dans les phases de poule, elle affronta la Gambie, la Guinée et le Cameroun.
Et voici qu’en huitième de finale, demain en début de soirée, ce sera en huitième de finale avec la Côte d’Ivoire.
La Côte d’Ivoire est un pays frère, ami, cousin du Sénégal.
Rares sont les pays d’Afrique avec lesquels les Sénégalais partagent la complicité qu’ils ont naturellement avec les ivoiriens.
L’immigration sénégalaise en Côte d’Ivoire est très ancienne. Elle a produit des ivoiriens de souche sénégalaise. Elle a donné lieu à des mariages mixtes, des brassages de population inédites et surtout elle a accouché d’une sympathie mutuelle entre Sénégalais et Ivoiriens.
Je me rappelle que lors d’un séjour à Abidjan pour délivrer un cours de Diplôme d’Étude approfondie de mathématiques, la gestionnaire de l’hôtel où je logeais me demanda si elle pouvait me présenter ses sœurs Sénégalaises. Je lui répondis oui avec enthousiasme et un brin de curiosité.
Le lendemain, elle vint avec ses deux sœurs qui étaient fières de rencontrer un Sénégalais. Elles ne parlaient pas de langues sénégalaises cependant elles étaient fières de leurs origines sénégalaises. Leur père était décédé très tôt. Elles étaient le produit achevé d’un métissage pacifique avec des populations africaines venues de contrées lointaines.
Il y a entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire, une émulation certaine que portent les élites et que vivent les populations. Elle se traduit par le cousinage à plaisanterie fortement vécu entre Diola et sérère, peuls et sérère. Il dépasse de loin les vannes et plaisanteries que se lancent français et belges.
La Côte d’Ivoire a souvent joué de vilains tours au Sénégal dans différentes CAN. Durant la CAN Caire 1986, elle nous empêcha d’atteindre le deuxième tour. En 1992, dans notre propre CAN, dans la capitale du Sénégal, en plein cœur de Dakar, elle nous élimina.
Demain à Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire, ville très chère au Président Félix Hophouet Bobigny, le Sénégal a l’opportunité de sortir la Côte d’Ivoire de sa CAN, trente deux ans après Sénégal 1992.
Ce serait une bonne manière entre cousins que le Sénégal rende la monnaie gentiment, joyeusement à la Côte d’Ivoire.
Dans tous les cas de figure, cette rencontre sera fort indécise.
Le plus important est que cette rencontre devra consolider l’amitié et la fraternité indéfectible des peuples sénégalais et ivoiriens.
Vive l’amitié et la fraternité entre la Côte d’Ivoire et le Sénégal.
Mary Teuw Niane*