Nous ne cesserons jamais de le dire, pour avoir vécu des chefs sans projet, des commandements sans saveur, ni changements dans la marche du service. La nomination d’un Directeur Général d’une Administration, ne doit pas se faire par coteries ou lobbying, mais, sur la base d’un projet porteur de développement de cette Direction et sur une enquête sans faille de la personnalité et du passé de l’homme pressenti, dans cette Administration.
Nous avons vu des Directeurs aller et revenir, sans que rien ne se produise, sinon, des espèces de règlements de comptes sans issue qui n’avaient aucune incidence positive sur la vie des agents, les animateurs principaux d’une Administration. Nous avons vu aussi des Directeurs revenir après avoir réussi à se hisser à une hiérarchie supérieure et se faire un point d’honneur de diriger cette Administration. Pourtant, ils n’auraient dû jamais remettre les pieds à leur ancienne Administration. Leur parcours n’avait pas été de toute honorabilité. Ils y avaient commis des fautes lourdes, qui, si elles étaient correctement sanctionnées, méritaient la radiation.
Mais, il y eut un homme, une espèce de providence pour l’Administration des Douanes. Un homme dont le sens du commandement, la générosité, l’humanisme et la méthode, allait propulser l’Administration des Douanes des décennies dans le futur, tant du point de vue de l’utilisation de la ressource humaine, par la mise en place d’un organigramme intelligent et pratique , que des ressources financières qui, pour la première fois, allaient être partagées entre tous les agents, et de manière équitable.
Le caractère commun à tous les grands hommes, c’est la générosité, l’altruisme. La capacité à faire don de soi, de se mettre au service des bonnes œuvres, de ne rien attendre des autres, mais de poser des actes pour la postérité. Cet homme sut se mettre et mettre à la disposition des hommes, son savoir-faire, sa généreuse intelligence, sa créativité et son sens élevé de la Justice sociale. Nous ne nous attarderons pas sur son parcours fulgurant et mérité dans cette Administration, où, il entra par l’une des petites portes, pour aller au sommet de la plus haute hiérarchie de l’Administration du Sénégal. Ce n’est pas le but de ce témoignage.
En menant son bout de chemin dans l’Administration, ce qui frappa cet homme de valeurs, c’est la précarité de la situation sociale des agents des Douanes. L’inégalité de la répartition des ressources que génère cette Administration, les sanctions disciplinaires illégales et les affectations arbitraires. Il connaissait le regard faux et déformé de l’opinion sur les douaniers qu’on prenait pour des nantis, et la réalité de la pauvreté de la majorité. A différents stades de son ascension hiérarchique, il se mit à travailler à améliorer la situation sociale des agents. Il fut l’un des initiateurs de la Mutuelle des Douanes, cet outil de solidarité active qui permit de prendre en charge beaucoup d’indigents et à sauver des familles de la misère, en cas d’accidents ou de disparitions d’agents, pères de famille. Le sort des orphelins était son cauchemar.
Quand, il fut nommé Directeur Général des Douanes, l’homme mit en place la généralisation du TSC. Le TSC était une indemnité tirée du travail supplémentaire effectué par les agents des Douanes, dans des postes spécifiques. Ceux-là, seulement, en bénéficiaient selon un pourcentage. Le reste était versé dans une nébuleuse appelée ‘’Masse’’ que les chefs, dont le Directeur des Douanes se partageaient. Il supprima net cette ‘’masse’’ (ce qui le priva lui – même , de ressources confortables) et permit à tous les agents de bénéficier de cet argent. Cela régla beaucoup de problèmes. Rien que cette mesure, tira la majorité des agents d’une précarité honteuse. Cette mesure permit aussi de diminuer la ‘’course aux postes’’. Les postes de choix. Une maladie honteuse de toutes les Administrations où l’équité fait défaut. Il mit en place des mécanismes d’aide aux orphelins et des veuves. Il rasa et mit à la disposition des agents, la cité de Colobane. Cette cité, il la destinait aux agents qui n’avaient pu se payer un toit.
Aux chefs qui se partageaient sans vergogne le résultat du travail des agents, en se faisant saisissant, pour bénéficier de plus de revenus, il sortit une note de service qui le leur interdisait. Leur rappelant son bréviaire acquis dans une éducation d’aîné à qui le père disait « Tu es le plus grand. Donne à tes frère tout ce qui t’appartient, et laisse leur ce qui leur appartient ».
Le commandement de cet homme eut un effet extraordinaire sur la conduite des agents. Les gens se mirent à avoir honte de faire certaines choses peu recommandables. Les agents sentaient aussi, que pour la première fois de leur carrière, ils avaient un chef qui avait de la considération pour eux. Ils le lui rendirent au centuple. Que peut-on faire d’autre avec un chef pareil, qui, quand, il rencontrait un ancien, se précipitait pour lui serrer la main et l’appelait ‘’Grand’’ ?
Ce chef qui avait gardé son numéro de portable, accessible à tous, qui vous répondait « Ah, tu as besoin de moi ? Passe, je suis au bureau ».
Que peut faire un agent, face à cet exemple de probité, d’honnêteté et de sociabilité ? Sinon, n’avoir rien à se reprocher.
Mais ce commandement n’était pas mou, ni affable. Tout le monde savait que derrière ce regard bienveillant, se cachait un perfectionniste et un esthète du travail bien fait qui pouvait vous faire le plus méprisant des reproches. Vous rendre votre copie. L’organigramme qu’il a mis en place, dès son arrivée, le prouve. Les nouvelles Directions agissaient comme des filtres. Ne lui parvenait que du travail propre qui avait passé toutes les étapes.
On sentait qu’on n’avait pas droit à l’erreur avec un tel chef.
Il y avait en cet homme, un mélange de patriarche, d’enseignant et de protecteur. On avait envie de le respecter. Peut-être pour bénéficier du sien.
Cet homme nous a démontré qu’un chef, ce n’est pas seulement des galons. Ce sont des qualités humaines indéniables comme la générosité, l’honnêteté, le respect des autres et surtout, l’humilité.
Les actions de ce Chef sont ancrées dans la vie des agents qui ont passé et ceux à venir.
Son empreinte et son génie ont placé la Douane au sommet de la modernité.
C’est ce qui a fait entrer cet homme dans la postérité.
Cet homme, c’est Boubacar Camara.
Boubacar Camara, l’Instinct de Chef !!!

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