La récente visite du président Bassirou Diomaye Faye à Washington, dans le cadre d’un mini-sommet organisé par l’administration Trump, dépasse largement le cadre protocolaire. Selon l’économiste Ibrahima Gassama, interrogé par L’Observateur, cette rencontre illustre une volonté claire du Sénégal de s’insérer dans les flux mondiaux d’investissement à un moment clé de sa transformation économique.
Au centre des échanges figure un projet ambitieux : la création d’une ville numérique sénégalaise, pensée comme un hub technologique régional. Ce pôle d’innovation vise à attirer les grands noms de la tech américaine — Google, Microsoft, Meta — tout en stimulant un écosystème de start-ups locales. À terme, le projet pourrait mobiliser plus de 500 milliards de FCFA d’investissements sur cinq ans, soit près d’un milliard de dollars.
Pour Dr Gassama, cette stratégie repose sur une double approche alliant numérique et entrepreneuriat local, « une offre cohérente qui parle le langage des investisseurs américains, en quête de stabilité, de rentabilité et de perspectives à long terme ».
Mais cette dynamique s’inscrit aussi dans un contexte énergétique favorable. Avec la mise en exploitation imminente du gisement gazier Grande Tortue Ahmeyim (GTA), en partenariat avec la Mauritanie, le Sénégal table sur une croissance de 8,4 % en 2025, selon le FMI. Les retombées fiscales attendues pourraient représenter entre 1 et 2 % du PIB à maturité.
Dans un environnement géopolitique marqué par la diversification des sources d’approvisionnement en énergie et la sécurisation du Golfe de Guinée, les États-Unis trouvent au Sénégal un partenaire stable, stratégique et prometteur. Dr Gassama conclut : « La combinaison entre énergie et numérique forme l’ADN de la nouvelle offre sénégalaise à l’international. »