Assemblée nationale : Les grandes lignes du Budget 2024

A l’instar des lois de finances précédentes, celle de 2024 s’inscrit dans la continuité des politiques publiques de l’Etat du Sénégal. En effet, le Projet de Loi de Finances (PLF) mentionne son objectif de poursuivre la marche du Sénégal et de le maintenir sur la trajectoire de l’émergence, tout en rappelant que cette ambition est fichée depuis de 2014 et matérialisée par un plan clair pour y parvenir en l’espace de deux décennies (horizon 2035).

Mais la concrétisation du Plan Sénégal Emergent (PSE) est précédée d’une phase préparatoire de deux ans (2012-2014) consacrée à un effort d’assainissement budgétaire indispensable pour la réalisation de toute nouvelle stratégie de développement. Cette démarche adossée à la réparation de la machine budgétaire permis au gouvernement de réaliser des résultats tangibles mais des défis persistent encore. La Loi de Finances initiale de 2024 repose sur le PSE et s’articule autour des 6 points suivants :

1- le développement du Sénégal ne se fera pas sans une transformation structurelle de son économie, permettant de générer une croissance forte, durable et inclusive ;
2- la transition écologique constitue un enjeu qui doit se trouver au cœur de toutes les politiques publiques ;
3 – le capital humain doit devenir, à l’ère de l’intelligence artificielle, la principale richesse d’une nation, si elle veut éviter de se retrouver parmi les perdants de la mondialisation ;
4- les citoyens sont devenus plus exigeants et plus impatients qu’aux décennies précédentes. La demande d’État, à travers notamment une protection sociale et des services publics de qualité, est forte. L’emploi, surtout l’emploi des jeunes, n’est plus un simple droit mais une revendication sociétale, comme la liberté et la sécurité ;
5-le succès des politiques publiques est fortement tributaire de la vigueur des institutions qui les mettent en œuvre, de l’efficacité du système de gouvernance au sein duquel elles s’inscrivent ;
6-la paix est une condition du développement mais dans l’environnement géopolitique incendiaire qui entoure le Sénégal, l’effort de guerre constitue le prix de la paix.

Au-delà de s’inspirer du PSE, la LFI de 2024 a une autre particularité relative à son caractère unique. En vérité, c’est la première fois qu’un Président de la République soumet à la représentation nationale un projet de budget qu’il est sûr de mettre en œuvre pendant seulement trois mois. Ce facteur a été rendu effectif, le 03 juillet 2023, quand le Chef de l’Etat, confirmait dans un discours à la nation, sa volonté de ne pas se présenter à l’élection présidentielle du 24 février 2024. L’adoption de la Loi de Finances de 2024 par les députés et son maintien après le départ du chef de l’Etat démontrent que le budget de l’État n’est pas un document isolé. Il s’inscrit dans une stratégie globale dont l’horizon dépasse les mandats électoraux, quel que soit leur nombre. Les éléments clés du projet de loi de finances (PLF) 2024 renseignent sur les évolutions très favorables qui ont eu cours dans notre pays. Mieux, ils indiquent aussi de façon tangible que le Sénégal est dans une meilleure situation qu’à la date du 1er avril 2012 et se trouve devant de belles perspectives.

Concernant les chiffres clés du budget 2024, le document mentionne un total de recettes du budget général arrêté à 4 693,7 milliards de FCFA, contre 3 919,5 milliards de FCFA dans la loi de finances pour l’année 2023, soit une augmentation de 774,3 milliards de FCFA (+19,8%). S’agissant des dépenses du budget général, elles sont évaluées à un montant total de 5 533,9 milliards de FCFA, contre 4 965 milliards de FCFA pour l’année 2023, soit une augmentation de 568,9 milliards de FCFA (11,5%). Les recettes et dépenses des Comptes spéciaux du Trésor s’équilibrent à 221,5 milliards de FCFA. Au total, les prévisions de recettes du projet de loi de finances 2024 s’établissent à 4 915,2 milliards de FCFA, contre 4 096,4 milliards de FCFA dans la loi de finances pour l’année 2023, soit une augmentation de 818,8 milliards de FCFA (+20%). Elles sont composées des grandes masses suivantes :

– recettes internes : 4 390 milliards de FCFA ;
– dons budgétaires et en capital : 303, 8 milliards de FCFA ;
– recettes des comptes spéciaux du Trésor : 221,5 milliards de FCFA.
Les dépenses totales de la loi de finances sont programmées à 5 755,4 milliards en 2024, soit une progression de 613,5 milliards de FCFA en valeur absolue et de 11,9% en valeur relative. Elles se répartissent en dépenses du budget général pour 5 533,9 milliards de FCFA et en dépenses au titre des comptes spéciaux du trésor pour 221,5 milliards de FCFA. S’agissant des dépenses du budget général, elles devraient croître de 568,9 milliards en valeur absolue et de 11,5% en valeur relative. Les dépenses du budget général sont constituées de dépenses courantes pour un montant programmé à 3 697,6 milliards de FCFA et de dépenses en capital inscrites à hauteur de 1 836,3 milliards de FCFA en 2024.

Pour les comptes spéciaux du Trésor, ils sont programmés en recettes et en dépenses à 221,5 milliards de F CFA en 2024, soit une hausse de 25,2% en valeur relative. Ils sont constitués principalement des comptes d’affectation spéciale pour 195,0 milliards de FCFA répartis, notamment entre le fonds intergénérationnel, le fonds de stabilisation et le Fonds national de retraite pour des montants respectifs de 7,2 milliards de FCFA, 15,2 milliards de FCFA et 168,5 milliards de FCFA. S’agissant du financement du déficit budgétaire, il est prévu approximativement à 840,2 milliards de FCFA, soit 3,9% du PIB en 2024 comparativement à un déficit de 1 045,4 milliards de FCFA projeté pour la LFI de 2023. Ce déficit sera financé essentiellement par les tirages sur les prêts et les titres publics émis sur le marché financier régional et international.

COMMENTAIRES
    Publiez un commentaire