Analyse de la dette publique du Sénégal : ce que je reproche à Mamadou Diop Decroix, par Hady Taoré*

De manière récurrente, la dette de notre pays est remise en cause, au regard de l’importance de son volume, jugée excessive par certains. C’est le cas de Mamadou Diop Decroix qui s’est fendu d’un texte intitulé « Un mot sur la dette publique du Sénégal » qui est en réalité une compilation de chiffres nullement documentés.

A l’endroit de Decroix, je voudrais dire que la dette publique obéit à d’autres facteurs que la seule arithmétique des dépenses. Ce point me semble déterminant pour un jugement sérieux. Je suis toujours surpris, que ceux qui dénoncent notre niveau d’endettement, n’abordent jamais la question sous l’angle dynamique.

En effet, le volume de la Dette ne veut rien dire en lui-même, tant qu’il n’est pas mis en relation avec l’économie. Or, en considération des bonds positifs engrangés par notre économie depuis 2012, rien dans les paramètres de celle-ci ne permet d’affirmer qu’il y a un dérapage. A ce jour, les partenaires au développement se disent satisfaits de la gestion et du niveau de la dette Extérieure du Sénégal.

Il est prématuré de juger comme dangereuse notre politique d’endettement à ce stade de notre processus d’émergence. De plus, depuis son arrivée au pouvoir, le Président Macky SALL s’est volontairement engagé dans la définition du PSE qui commence à porter ses fruits, avec une économie dont le taux de croissance a dépassé le cap de 6 %, pas loin de l’objectif de 7 % qui favorisera la création de richesse à même de rembourser les emprunts tout en boostant l’emploi.

Au regard du bon comportement de notre économie, et ce dans un contexte de découverte de pétrole et de gaz, la dette permet de soutenir cette dynamique. C’est pourquoi, l’économiste allemand, Adolphe Wagner, a même formulé à la fin du XIXe siècle une théorie de la croissance continue des dépenses publiques ou des besoins financiers de l’État. La « loi de Wagner » stipule qu’à long terme le progrès économique s’accompagnerait d’une hausse importante des dépenses publiques dans l’économie.

Le Plan Sénégal Émergent en constitue une confirmation pratique. En effet de nouveaux besoins se développent en infrastructure et en services qui exigent, pour le bon fonctionnement de l’économie, de lourds investissements. De fait les gains des investissements permettent de rembourser les emprunts. En définitive, la dette n’est pas mauvaise. Celle qui est mauvaise est la dette utilisée pour faire du fonctionnement ou des dépenses de prestige comme d’autres régimes nous l’ont toujours habitué.

Rappelons que le Sénégal présente un profil de risque de surendettement faible, en deçà du taux d’endettement fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui est de 70 % du PIB.  A l’heure actuelle, notre niveau d’endettement est de 60 % du PIB.

* Évaluateur de politiques publiques

Coordonnateur fédéral de la DSE APR Canada

1 COMMENTAIRE
  • Ndiaye Daniel

    Merci Monsieur Hady de votre pertinente réponse à DIOP Decroix qui se croit tout permis

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