À 87 ans, Alla Kane, doyen de la nouvelle législature, présidera la cérémonie d’élection du président de l’Assemblée nationale. Ancien enseignant, cet homme aux multiples combats politiques a marqué l’histoire du Parti africain de l’indépendance (PAI), dont il fut l’un des membres les plus influents. Portrait d’un militant infatigable.
Une enfance enracinée dans le monde paysan
Originaire de Gatte, dans la région de Diourbel, Alla Kane revendique fièrement ses origines paysannes. « Je suis et reste un fils du peuple », affirme-t-il, rappelant que, dans les années 1930, les agriculteurs représentaient l’écrasante majorité de la population sénégalaise. Scolarisé en 1944 à l’école régionale de Diourbel, il découvre rapidement les injustices coloniales et les voies pour y résister. Ce parcours scolaire, achevé au Collège moderne de Thiès, l’amène à intégrer l’École des travaux publics de Bamako. Cependant, une maladie l’oblige à abandonner cette voie et à embrasser une carrière dans l’enseignement dès 1955.
Premiers pas dans la lutte militante
Enseignant à Diourbel, Kane est témoin des luttes anticoloniales qui secouent l’Afrique et le monde. Inspiré par ces événements, il s’engage dans le syndicalisme au sein du Syndicat unique de l’enseignement laïc (Suel). En parallèle, il rejoint le PAI, première organisation à exiger l’indépendance immédiate en Afrique de l’Ouest. Militant actif, il s’implique dans la structuration du parti dans la région de Diourbel et mène la campagne du « NON » au référendum constitutionnel de 1958. Même après la dissolution du PAI en 1960, il continue son combat dans la clandestinité.
Formation militaire et activisme clandestin
Dans les années 1960, Alla Kane se forme à la lutte armée à Cuba, aux côtés d’autres camarades du PAI. Ce stage, qu’il termine avec le grade de commandant de la zone Ouest du parti, le prépare à organiser des opérations de guérilla urbaine. Cette période intense lui vaut plusieurs arrestations et sa radiation de la fonction publique en raison de son engagement politique.
Une carrière marquée par la gauche radicale
Influencé par le marxisme-léninisme, Kane consacre sa vie à la lutte contre les systèmes capitalistes et néocoloniaux. Au fil des décennies, il rejoint diverses organisations politiques, notamment le mouvement « Yoonu Askan Wi », et participe à la création d’alliances comme « Samm Linu Bokk ». En 2021, il intègre le mouvement Pastef, où il occupe un rôle clé en tant que coordonnateur honoraire du collectif des militants âgés.
L’appel à la jeunesse
Monogame et père de neuf enfants, Alla Kane demeure un fervent défenseur des causes populaires. Il exhorte les jeunes à poursuivre la lutte avec organisation et discipline. « La transformation de la société est un combat long et difficile », affirme-t-il, convaincu que l’avenir repose sur une mobilisation incessante pour changer le cours de l’histoire.