Le juge près la Cour d’appel d’Alger a confirmé la condamnation à cinq ans de prison ferme et 500 000 dinars algériens (environ 3 865,61 dollars US) d’amende de l’écrivain algéro-français Boualem Sansal. Le verdict du procès en appel a été rendu ce mardi. En première instance, l’écrivain, âgé de près de 80 ans, avait déjà écopé de la même peine. Arrêté à son arrivée à Alger en novembre 2024, M. Sansal est accusé d’« atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et « détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ». Ces accusations découlent de déclarations faites au média français d’extrême droite Frontières, où il a estimé que l’Algérie avait hérité de territoires appartenant au Maroc sous la colonisation française.
Sans avocat, Boualem Sansal a assuré sa propre défense, rejetant toutes les accusations et dénonçant un « procès de la littérature ». Interrogé sur ses déclarations concernant les frontières, il a répondu : « Je ne fais que de la politique. Je m’exprime aussi sur l’histoire », invoquant son droit à la liberté d’expression garanti par la Constitution. L’affaire intervient dans un contexte de vives tensions entre Alger et Paris, marqué par des échanges d’expulsions de cadres diplomatiques en avril dernier et des déclarations hostiles réciproques. Le président français, Emmanuel Macron, et plusieurs membres de son gouvernement ont appelé à sa libération. Le contentieux historique entre l’Algérie et la France est profond, exacerbé récemment par la reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, entraînant le retrait de l’ambassadeur algérien à Paris et l’annulation d’un déplacement du président Tebboune en France.
Comme le souligne un article précédent de notre rédaction concernant une condamnation similaire en France, les affaires judiciaires impliquant des accusations d’atteinte à la sécurité nationale ou à l’unité nationale sont souvent suivies de près par la communauté internationale. L’imam de Marseille, par exemple, a été condamné pour apologie du terrorisme, soulignant la complexité de ces cas et la variété des interprétations possibles.
Le cas de Boualem Sansal rappelle également celui d’autres écrivains et journalistes poursuivis pour leurs opinions. Une précédente condamnation à cinq ans de prison ferme avait déjà été prononcée contre lui en mars 2025, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés les défenseurs de la liberté d’expression en Algérie.