Alassanne Khodia Kitane analyste politique: « Nous sommes clonés culturellement »

Il s’appelle Alassanne Khodia Kitane, il est professeur de philosophie mais aussi, analyste politique. Il est dans l’enseignement depuis 1998. Senego s’est entretenu avec ce professeur, émérite, afin qu’il nous fasse part de son nouveau mouvement dénommé Label Sénégal, dont il est le secrétaire général. Il est revenu sur les ressources dont regorgent le Sénégal, mais aussi, les freins au développement qui gangrènent le pays. 

Loyauté, abnégation, et excellence pour la libération du Sénégal (Label Sénégal) c’est le nom d’un nouveau mouvement citoyen mis sur pied par Alassane Kitane, avec un groupe d’amis. « Ce que nous avons comme philosophie c’est que le Sénégal, avec ses potentialités, ses ressources naturelles, et humaines, est lui même est un label. Et que par conséquence, tout citoyen Sénégalais, qu’il soit dans le pays ou à l’étranger, doit faire bonne figure et doit savoir ce qu’il vaut réellement« , c’est l’avis du philosophe.

Car, selon l’interlocuteur de Senego, avec sa diplomatie, le Sénégal a tellement fait sur le plan international avec un potentiel d’agrégés en grammaires, d’hommes politiques mais aussi de grands hommes religieux qui n’ont jamais fait les grandes universités européennes, encore moins Arabes, mais qui ont réussi à mettre, de manière indélébiles, leurs empreintes sur la religion musulmane. « Il en est ainsi pour la religion chrétienne, mais aussi sur le plan politique. Je pense qu’avec tous ces potentiels dont regorge le Sénégal, sur le plan de la Culture, le pays est un Label. C’est pour cette raison que nous avons choisi cet acronyme« , explique-t-il.

Label Sénégal s’engage sur le plan politique et citoyen. Mais son principal combat est axé sur la révolution culturelle qui, selon lui, permettra une révolution économique et politique. « C’est un mouvement citoyen qui a les même prérogative qu’un parti politique. Nous contribuons aux débats politiques. Le mouvement va certainement avoir une liste aux prochaines législatives à venir. Nous somme dans l’opposition, il n’y a aucun doute là dessus« , confie M. Kitane.

L’économie sénégalaise tarde à décoller comme il se doit, surtout avec autant d’intellectuelles dont regorge le pays. « Je pense que c’est au niveau culturel qu’il y a un problème. Je vous donne un exemple: L’Islam est une religion universelle mais elle ne vient pas du Sénégal. De même que le christianisme. La langue française que nous sommes en train de parler, elle n’est pas notre langue.  Par conséquence, nous somme comme des clowns culturelles. Nous sommes clonés culturellement, psychologiquement et intellectuellement« , confesse le professeur de Philosophie qui tient à donner des explications sur la question de la langue française.

« La langue c’est le berceau de la culture. Sur ce, nous pensons en Français, parlons Français et agissons en Français. Pour cette raison, au niveau de Label, nous pensons que le premier combat c’est de faire de telle sorte que notre langue nationale soit le pilier, à la fois, de notre culture et de notre civilisation. La langue française n’est pas un butin de guerre mais plutôt une blessure de guerre, pour nous Sénégalais (en réponse à l’écrivain Algérien Kateb Yacine). On nous a imposé une langue dans laquelle nous sommes obligés d’éduquer nos enfants« , regrette notre interlocuteur.

Il considère que le Français véhicule une culture qui n’est pas la notre car il y a un déphasage entre ce que véhicule la langue française du point de vue intellectuel, culturel, économique et sémantique. « Aucun développement durable ne peut se faire au Sénégal sans pour autant l’asseoir sur la culture propre au Sénégal. Car le développement n’a de sens que lorsqu’il répond à des besoins endogènes. Nous pensons, ainsi, au niveau de Label, que les solutions peuvent émerger au niveau endogène. Il faut ainsi travailler à faire de nos langues nationales les principaux secteurs de la connaissance du savoir de la science et de la technique. Il faudra tôt ou tard panser à hypothéquer la lange française au profit de celle nationale« 

5 COMMENTAIRES
  • souleymane

    Non nous ne sommes pas des clones culturels mais nous sommes tout simplement des populations culturellement influencée par un pays colonisateur. Monsieur le philosophe pourquoi se compliquer la vie et vouloir parler comme un universitaire. Votre analyse est trop élitiste et vous êtes ce j’appelle un génie en intention CAR TOUT LE MONDE SAIT QUE LE CHOIX D’UNE LANGUE NATIONALE POUR PORTER OFFICIELLEMENT SERAIT INJUSTE CAR IL EXISTE BEAUCOUP DE LANGUES AU SÉNÉGAL. Non la langue n’est pas toujours le berceau de la culture même si dans certains cas vous avez raison.Au Sénégal nous sommes différents des français même si nous parlons français, cette langue que vous considérez comme une blessure de guerre.Hé bien une blessure, ça se soigne. Or une blessure même guérie laisse souvent une marque indélébile.D’où il faudrait considérer cette langue comme un mal nécessaire et regarder devant.

  • xodia

    M. Souleymane allez-y revoir l’histoire de l’anglais et de l’espagnol au USA, allez-y apprendre comment le russe est devenu la langue officielle de l’ancienne URSS et comment le français est né, s’est développé en France et a supplanté les autres langues.

    • kalidou fall

      Analyse pertinente .Le senegal trouvera son salut le jour ou nos leaders cesseront ce mimétisme culturel politique et institutionnel.

  • mams

    senego c est pas bien de censurer vos lecteurs

  • Kecke

    En tant qu’Européen et Allemand je ne comprends pas ce débat. Et je tente de l’expliquer pourquoi.
    Il est vrai que l’Afrique a été colonialisée et que ce fait historique a été une injustice brutale et atroce. Mais qui ne dit pas que l’Europe a été colonialisé d’une forme pareille. L’Empire romain a soumis lEurope sous son joug colonial. Des sujets de différentes ethnies étaient devenus esclaves. Nos élites apprirent le latin qui formait des langues romanes dont le français et les langues germaniques dont l’anglais et l’allemend. Quoique l’allemand a encore préservé beaucoup de son vocabulaire précolonial, toute la grammaire a été modelée selon les schémas latins.
    Vos Africains sont prurilingues ce que je considère un grand atout pour vous tous. Le français est, certes, une langue coloniale, mais ainsi il est aussi devenu une langue africaine. En l’employant les Africains et les Sénégalais ne sont pas des clowns, mais des inventeurs linguistiques, car cet emploi change et changera certainement cette langue en l’enrichissant d’un vocabulaire africain. Et c’est justement notre tâche: Vivre et convivre avec le métissage culturel. Ne rêver plus d’une authenticité qui en ressusciterait un autre Mobutu, une dictature d’une soi disante pureté culturelle qui ne sert à rien sauf des autocrates. Le français n’est pas si dominant chez vous. La renaissance du wolof et d’autres langues africaines font la preuve. Alors en avant l’Afrique! Vive le Sénégal.

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