Administration sénégalaise: « Monsieur le Président , Attention à la théorie de l’inertie stratégique »
« L’inertie sociale résulte d’une incapacité à dépasser les pratiques anciennes, même lorsqu’elles sont manifestement obsolètes. » Miche Crozier. Permettez-moi de vous expliquer. Après deux ans dans un poste de direction, j’ai appris à reconnaître les subtilités de notre administration. Ici, on ne combat pas une réforme. On l’absorbe, on l’étudie, et surtout, on la fait disparaître dans les méandres d’un système qui a ses propres règles.
Tout commence avec vos idées. Ambitieuses, nécessaires, elles suscitent l’enthousiasme. Mais très vite, elles se retrouvent transformées en documents. D’abord, une note technique. Ensuite, des termes de référence. Puis, un plan d’action détaillé. Mais que deviennent ces documents ? Ah, ils passent de main en main, circulent entre directeurs de cabinet, chefs de cabinet, conseillers techniques, et parfois même atterrissent sur la table de comités ad hoc. Chacun apporte une “amélioration”, une “relecture”, une “clarification”.
Pendant ce temps, vos réformes, elles, se noient dans les colonnes des tableaux Excel. Vous savez, ces tableaux si sophistiqués qu’ils semblent conçus pour qu’on ne puisse jamais en tirer une conclusion claire. Les chiffres s’additionnent, se croisent, mais l’action concrète, elle, reste toujours en suspens.
Et puis viennent les réunions. Une grande tradition administrative où chaque décision doit être débattue, analysée, reformulée. On réunit les uns, puis les autres, toujours avec beaucoup de sérieux. Mais au final, les décisions semblent s’éloigner à chaque rencontre, comme une ligne d’horizon qui recule au fur et à mesure qu’on avance.
Ne vous méprenez pas, Monsieur le Président, tout cela est fait avec un respect impeccable. Ici, personne ne bloque directement. Au contraire, tout le monde semble jouer le jeu. Mais vos ambitions finissent par s’éparpiller dans ce ballet bureaucratique où chaque acteur s’emploie à diluer l’élan dans la routine.
Les notes restent sur les bureaux des directeurs. Les termes de référence deviennent des archives. Les tableaux Excel alimentent des rapports qui ne débouchent sur rien. Et vous, Monsieur le Président, vous continuez d’attendre. Non pas parce qu’il y a opposition, mais parce qu’ici, le mouvement est un artifice. L’apparence d’activité masque une immobilité qui ne dit pas son nom.
C’est cela, Monsieur le Président, la théorie de l’inertie stratégique. Ce n’est pas un complot, c’est un système. Une mécanique huilée où vos idées, aussi brillantes soient-elles, risquent de se perdre dans un labyrinthe où tout semble avancer, mais où rien n’aboutit jamais.
PS: Toute ressemblance avec une personne ou une situation réelle n’est que pure coïncidence.
Mohamadou Manel Fall
En tout cas on n’attend toujours la concrétisation de ces belles idées en acte
Malheureusement c’est bien intentionnel.
Pastef pensait qu’il suffisait de gagner pour que le pays se transforme par la magie des urnes en une machine huilée ayant développé sa propre inertie vers le développement.
Le refus du changement est bien réel.
On pleurniche, on dénonce, on promet le paradis mais la réalité des faits est que rien ne bouge.
Les bras armés de Macky ont repris du poil de la bête.
Les services de la police ont repris du service avec des arrestations abusives.
Les Sénégalais qui meurent de faim semblent se contenter de s’abreuver de politique.
Les préfets, sous préfets, gouverneurs et magistrats qui ont mis ce pays sur ces genoux sont encore aux commandes.
Ça parle beaucoup et ça ne bouge pas.
Pastef est en train de mettre en place un système sans mains ni pieds.
Belle contribution le problème de notre administration c’est dans l’application des réformes le pragmatisme vous avez cité un crozier qui a ecrit un intéressant livre « l’acteur et le système »
Texte bien ecrit, tournures simples, pertinentes pas trop long. Tres belle contribution.