Abdoul Mbaye, intangibilité de la laïcité et 3ème mandat, Par  Mouhamed SEYE

S’exprimant sur les raisons qui le poussent à voter «non» au referendum du 20 mars 2016, l’ancien Premier ministre M. Abdoul Mbaye stipule que le deuxième tour a été supprimé du projet de constitution; ce qui lui fait dire que «si le referendum passe, le Président sera élu au suffrage universel direct à un tour.»  Il conclut en ces termes: «d’ici-là, exigeons qu’on nous rende notre scrutin majoritaire à deux tours.» C’est un sentiment de déception et de surprise à la fois qui m’a animé lorsque j’ai constaté ces propos venant d’une personne décrite comme un technocrate, un intellectuel avéré de surcroît ancien Premier ministre.
L’article 26, initialement, dispose : Le Président de la République est élu au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à deux tours. Il peut être assisté d’un Vice-président qu’il nomme après consultation du Président du Sénat et du Président de l’Assemblée nationale, pour une durée ne pouvant excéder celle de son mandat. Il met fin à ses fonctions dans les mêmes formes. Le Vice-président remplit à la date de sa nomination, toutes les conditions posées à l’article 28. Il occupe, dans l’ordre de préséance, le deuxième rang. Il satisfait aux conditions posées par l’article 38.
Dans le Projet de loi portant révision de la constitution, l’article 26 a été modifié comme suit : Le Président de la République est élu au suffrage universel direct et à la majorité absolue des suffrages exprimés. C’est très clair, c’est du français tout simplement. Quelqu’un qui gagne avec une majorité absolue n’a pas besoin d’aller au deuxième tour. Réécrire « scrutin à deux tours » serait une répétition. Il est rassurant de constater que les rédacteurs du projet de Constitution maitrise à la fois la langue de Molière ainsi que le jargon républicain. Ce qui nous pousse tout naturellement à éclaircir la lanterne des citoyens sur ce point précis.
Une majorité est absolue lorsqu’un candidat obtient plus de la moitié des suffrages exprimés; mathématiquement 50% des voix + 1 voix. De plus Monsieur le ministre, l’article 33 règle votre problème concernant le deuxième tour, car il dispose : Le scrutin a lieu un dimanche. Toutefois, pour les membres des corps militaires et paramilitaires, le vote peut se dérouler sur un ou plusieurs jours fixés par décret. Nul n’est élu au premier tour s’il n’a obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés. Si aucun candidat n’a obtenu la majorité requise, il est procédé à un second tour de scrutin le troisième dimanche qui suit la décision du Conseil constitutionnel. Sont admis à se présenter à ce second tour, les deux candidats arrivés en tête au premier tour. En cas de contestation, le second tour a lieu le troisième dimanche suivant le jour du prononcé de la décision du Conseil constitutionnel. Au second tour, la majorité relative suffit pour être élu.
Ce qui m’amène tout naturellement à penser que c’est une mauvaise foi, une désinformation et une intention de détourner les sénégalais de la vérité qui animent les propos de M. Mbaye. Pour conforter davantage mes dires, toujours dans ses propos, M. Abdoul Mbaye dit que : « La constitution ne mérite pas d’être modifiée une énième fois ». N’est-ce pas lui qui était le premier ministre de son Excellence Monsieur Macky Sall de 2013 à 2014 ? Ce qui nous pousse à lui demander si ça ne l’avait pas dérangé d’être le premier ministre d’un Président de la République qui prônait ouvertement, et ceci, même avant son accession au pouvoir, d’apporter des modifications à la Constitution ? Tout cela montre que M. Mbaye n’a non seulement pas digéré son limogeage de la primature mais aussi utilise des manœuvres et artifices indignes pour régler ses problèmes crypto-personnels.
Ainsi, j’invite tous les citoyens sénégalais à faire preuve de discernement en prenant les choses en main. Cette démarche responsable et citoyenne doit les pousser à lire dans sa totalité le Projet de loi portant révision de la constitution dans sa totalité enfin d’en faire une analyse personnelle des propositions. Il ne faut pas que nous acceptions la caricature que les politiques font du bas peuple. Certains n’hésitent pas à déclarer sans ambages que les sénégalais ne comprennent pas français, sont analphabètes… C’est pourquoi nous devons dire NON à cette caricature et devons agir comme des personnes responsables et intelligentes. Ne suivons aucune mouvance politique, car elle passe et les institutions restent.
Par ailleurs, il est important d’informer la population que le point sur l’intangibilité de la laïcité a été retiré. Je ne peux qu’en féliciter le Président de la République pour son esprit d’ouverture, d’écoute et de discernement à l’égard du peuple. Il convient de rappeler ici que des personnes mal intentionnées avaient investi les médias pour déformer la quintessence de ce point et l’utiliser comme une arme pour leur campagne médiatique de diabolisation de la réforme constitutionnelle. C’est d’ailleurs, la raison pour laquelle j’appelle l’opposition et les autres détracteurs à faire preuve de maturité et bonne foi. Je les invite à considérer la réforme constitutionnelle comme une proposition et non une chose que le gouvernement veut imposer aux populations, sans aucun arrière-pensée car comme on le dit dans la langue de Kocc Barma : « Nétali sa guent morom niémé Yalla la ».
Pour terminer, je demande aux sénégalais de ne pas se laisser divertir sur un éventuel 3ème mandat que le Président pourrait ou voudrait briguer. Et pour cause, le présent mandat est pris en compte. En d’autres termes, le Président Macky Sall n’a droit qu’à deux mandats, y compris le mandat de sept ans en cours. Mieux encore, dans la nouvelle disposition, il est mentionné que nul ne pouvait faire plus de deux mandats consécutifs. De plus, le Président Sall n’est qu’a son premier mandat et on parle déjà d’un 3ème mandat; c’est dire que l’opposition prédit déjà sans le dire tout en le disant la lapidation qu’elle subira au prochain scrutin présidentiel de 2019. Je leur dis tout simplement AMINE et MACHA ALLAH pour le deuxième mandat qu’ils ont déjà attribué à Son Excellence Monsieur Macky Sall.

Mouhamed SEYE
Responsable communication Convention
des Cadres Républicains de l’APR Canada
Responsable Communication APR section Sherbrooke

mals_81@hotmail.com

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