Le Professeur Mamadou Diouf a dénoncé le silence des régimes successifs autour du massacre de Thiaroye, qualifié de « carnage ». Le 1er décembre 1944, 1 200 soldats français, appuyés par des blindés, encerclèrent un camp où 1 200 à 1 800 tirailleurs sénégalais attendaient leur démobilisation après avoir servi dans la Seconde Guerre mondiale. Ces soldats, souvent enrôlés de force dans les colonies françaises, furent confrontés à des conditions inhumaines et des revendications légitimes sur leurs soldes et indemnités, réprimées dans le sang.
Le massacre reste entouré d’incertitudes en raison de la falsification ou de l’inaccessibilité des archives. Tandis que le bilan officiel évoque 35 à 70 morts, des estimations crédibles parlent de 300 à 400 victimes. Ce silence historique illustre une volonté d’effacer cet événement de la mémoire collective.
Avec le soutien du président Bassirou Diomaye Faye, le Sénégal a décidé de commémorer le 80e anniversaire du massacre, une initiative saluée par le Pr Diouf comme un acte de réappropriation mémorielle. Il appelle à honorer les tirailleurs en tant que héros morts pour l’Afrique et à renforcer une pédagogie mémorielle panafricaine.
Cette tragédie met en lumière les contradictions du colonialisme français, qui prônait la liberté tout en réprimant brutalement les revendications légitimes. Si François Hollande avait reconnu en 2014 la responsabilité de la France, cette reconnaissance reste insuffisante selon Diouf, qui insiste sur l’importance de construire une mémoire collective portée par les Africains.
Le Pr Diouf considère que cet épisode constitue un moment clé pour réaffirmer l’unité et la souveraineté africaine, fondations essentielles d’une intégration panafricaine durable.