La controverse autour des tirailleurs sénégalais de Thiaroye 44

L’évocation du massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944, continue de susciter des débats plus de 70 ans après les événements. À cette époque, des soldats africains, après avoir combattu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, ont été trahis par leurs propres supérieurs, conduisant à leur exécution massive. Cette tragédie est aujourd’hui encore au centre de discussions, notamment suite aux propos controversés tenus par Cheikh Oumar Diagne, proche collaborateur du président Diomaye Faye. En évoquant les tirailleurs sénégalais comme des traîtres poussés par l’appât du gain, Diagne enflamme une polémique qui ne faiblit pas.

Les paroles de Diagne, considérées par beaucoup comme offensantes, ont pourtant permis de rouvrir le débat sur un sujet longtemps négligé, stimulé récemment par une reconnaissance officielle du gouvernement français. En effet, il y a quelques semaines, Paris a dû reconnaître que ce massacre était soigneusement planifié et non une répression légitime d’une mutinerie. Cette reconnaissance est un tournant, obligeant à revisiter le récit souvent contrôlé par l’État français jusqu’à présent.

Selon nos confrères de Sud Quotidien, Boubacar Boris Diop souligne que l’indifférence des historiens et politiques a permis à l’État français de dresser un récit unilatéral de cet événement tragique. Malgré la reconnaissance tardive de ce crime, le souvenir de Thiaroye reste un fardeau mémoriel non seulement pour les descendants des victimes mais aussi pour toute une région.

Plusieurs figures emblématiques comme Sembène Ousmane et Frantz Fanon, qui furent eux-mêmes enrôlés sous le drapeau français, n’ont pas échappé à cette complexité de leurs relations avec la France coloniale. Leurs parcours illustrent la difficulté de juger ces engagés sans comprendre la ténacité des structures coloniales et l’absence d’option réelle face à la conscription militaire.

Le gouvernement sénégalais a récemment choisi de commémorer cet événement tragique du massacre sans l’aval de puissances étrangères, un geste de fierté nationale et de respect envers ceux qui ont été injustement abattus. La commémoration a également été vue comme un moment crucial pour renforcer ce devoir de mémoire, redéfinissant les rôles de bourreaux et de victimes dans le cadre postcolonial.

La rédaction de cet article s’est basée sur les informations fournies par le site Sud Quotidien où l’analyse détaillée de cet événement a été mise en avant, notamment par l’écrivain Boubacar Boris Diop. Ce travail important de mémoire suggère des perspectives pour sensibiliser et éduquer les générations futures sur les événements de Thiaroye.