On l’appelait Bob Marley. On l’appelle toujours Bob Marley. Ou encore Marley. Comme pour souligner qu’il est encore présent. Sa musique, elle, l’est toujours. Le nom Marley est entré dans l’histoire et ne renvoie toujours qu’à l’icône ou prophète du reggae dont on célèbre ce dimanche le 33ème anniversaire de la disparition.
Les genres musicaux sont nombreux et très diversifiés. Les attentes des mélomanes souvent comblées, le show-biz continue à être dynamique avec un lot impressionnant de musiciens qui frappent à la porte du succès et à subir l’influence de genres variés. Le reggae de Marley, des pères-fondateurs, influence ou inspire encore nombre de musiciens. Ainsi, note-t-on du dancehall au rap en passant par le Rnb, de nombreuses dérivées du reggae.
Le mérite n’en revient pas qu’à Bob Marley qui a certes eu le réflexe de populariser et d’imposer le reggae, mais à toute une génération de musiciens. Surtout à l’esprit qui habite les adeptes du reggae. Un esprit chevillé aux valeurs et idéaux du Rastafarisme qui appellent à plus de solidarité (« social living is the best » ou le « I and I »), d’amour, de tolérance, de justice.
Et ce n’est pas pour rien que les Rastas disent que la « musique, c’est le message ». Non pas forcément un message prophétique, mais un message d’un monde meilleur, de respect de toute l’humanité, de fin d’une cupidité conjuguée dans l’exploitation de l’immense majorité par une minorité capitaliste.
L’idéologie, les enseignements de Marcus Garvey et d’autres panafricanistes ont précédé, chez les rastas, la mise en musique de la revendication à travers le reggae qui prendra forme à la fin des années 1960. Dans un contexte post-esclavagiste, les descendants d’esclaves des Amériques étaient toujours maintenus dans un esclavage psychologique (« No chains around my feet, but I am not free » de Concrete Jungle).
L’Afrique, la terre-mère, là où veulent retourner les Rastas, aux lendemains des indépendances, était dans le néocolonialisme et la surexploitation. Les Rastas, de la diaspora, ont su insuffler la revendication en mettant l’accent sur le nécessaire changement d’attitude vis-à-vis du Noir considéré jusque-là comme un « citoyen de deuxième catégorie ».
Le mérite d’un Bob Marley est d’avoir compris que la musique pouvait être un des vecteurs puissants pour non seulement relayer la cause, mais surtout atteindre, par la magie des mélodies, de nombreuses personnes dans des endroits les plus reculés.
Un reggae balbutiant, issu du ska, mais à même de reprendre dans une démarche soufflante la respiration ou le battement du cœur humain par un accompagnement rythmique et régulier comme pour traduire les soubresauts, les contradictions d’une époque. Arrimé à une forte ligne de basse, complice d’un jeu de batterie qui finira par créer le dub (musique souvent sans paroles), le reggae venait de voir le jour et gagnait le respect des mélomanes et militants.
Le génie de Bob Marley, d’une mère jamaïcaine et d’un père blanc anglais, est d’avoir su mobiliser et fédérer des musiciens de talents après sa séparation de Peter Tosh et de Bunny Wailer, avec qui il avait monté les « Wailing Wailers », pour aller créer les « Wailers » et à la conquête du monde.
Soleil