Valdiodio Ndiaye 5 mai 1984-5 mai 2017. Par Amina Ndiaye Leclerc

Valdiodio NDiaye est né à Rufisque le 19 mars 1923, il est le fils de Linguère Adiaratou Sira M’Bodj, issue des Guelwaar du Sine- Saloum et de Samba-Langar N’Diaye, prince du Saloum. Il passe son enfance à Kaolack où il est inscrit à l’école primaire puis il fait ses études secondaires au Lycée Faidherbe, à Saint- Louis. Dès sa naissance, grâce à la loi des “ Quatre Communes “ il est citoyen français, ce qui l’exempte des corvées obligatoires.

Contrairement à nombre d’étudiants, il n’obtiendra pas de sursis pour son service militaire et devra passer son Baccalauréat en candidat libre. Dans sa promotion, parmi ses amis, nous retiendrons des grandes figures de l’histoire du Sénégal comme Cheick Anta Diop, Cheick Fall, Birago Diop.

Valdiodio N’Diaye sort major des épreuves du Baccalauréat.

En 1947, c’est pour faire des études dentaires qu’il obtient une bourse, mais, pour suivre ses propres aspirations, il s’inscrit en Droit et en philosophie à la Faculté de Montpellier. En janvier 1951 il soutient une thèse sur la citoyenneté qui lui vaut la mention très bien avec les éloges du jury. Malheureusement, malgré les recommandations de ses professeurs, il n’obtient pas de bourse pour s’inscrire au concours de l’Agrégation. Il revient donc au Sénégal. Il épouse Claire Onrozat, qu’il a rencontrée à la Faculté de Montpellier et qui, elle aussi, a passé son doctorat de Droit. Ils auront quatre enfants.

En 1951, il s’installe à Kaolack comme Avocat, entre en politique pour être élu Conseiller Territorial en 1952, mandat reconduit en 1957.

« La démocratie est un choeur immense où toutes les notes ont leur place, même les notes dissonantes »

Valdiodio N’Diaye

En 1957, avec la Loi Cadre, il devient Ministre de l’Intérieur du premier gouvernement du Sénégal, formé par le Président du Conseil, Monsieur Mamadou Dia. Il assume, de septembre 1958 à

mai 1959, cumulativement avec sa fonction de Ministre de l’Intérieur, les fonctions de Ministre de l’Education nationale ainsi que l’intérim de la Présidence du Conseil.

Le 15 mai 1960 il est élu Maire de Kaolack.

C’est avec une grande rigueur qu’il gère la Mairie de Kaolack. Il se passionne pour la Fédération des Villes Jumelées qu’il préside avec succès. Kaolack est alors jumelée avec Narbonne (France), Aoste ( Italie ) , Gelsenkirchen ( Allemagne ), Haïfa ( Israël ) Le Locle ( Suisse ). Grâce à ces échanges il va moderniser la ville, construire des infrastructures importantes ( routes, bâtiments administratifs, éclairages …) avec le souci permanent d’éviter tout déficit.

Il devient l’architecte avisé d’une difficile réforme administrative qui supprime les pouvoirs féodaux, lui qui était issu du milieu princier traditionnel. C’est un Etat moderne, tourné vers l’avenir

qu’il s’efforce de construire en créant de nouvelles régions et en prenant en charge la promotion de l’ensemble des communes.

Pour réussir son entreprise, il entame de longues négociations, qui prendront en compte les réalités historiques, politiques et sociologiques. Ce travail permettra d’établir des bases destinées à consolider l’unité de la Nation sénégalaise et d’éviter toute frustration des populations concernées.

«L’homme exerçait sur moi une certaine séduction à laquelle m’obligeait sa parfaite droiture, sa désinvolture de collégien, son courage, un franc-parler qui n’était en rien l’expression de la moindre méchanceté. Et, par-dessus tout, cette connaissance pointilleuse de tous les dossiers, qui venaient en Conseil des Ministres: les siens comme celui de n’importe lequel de ses collègues.»

Mamadou Dia

Valdiodio N’Diaye est confronté à son destin lorsqu’il affronte, le 26 août 1958, le Général de Gaulle venu proposer son référendum, lorsqu’il qu’il exprime, du haut d’une tribune, Place Protet à Dakar, l’aspiration de tous les peuples d’Afrique noire :

«Nous disons indépendance, unité africaine et confédération. Nous disons indépendance d’abord, mais en nous fixant ce préalable, nous ne faisons qu’interpréter l’aspiration profonde de tous les peuples d’Afrique noire à la reconnaissance de leur personnalité et de leur existence nationale.»

Extrait du discours du 26 août 1958, adressé au Général de Gaulle

Après la nuit du 19 août 1960 qui correspond à l’éclatement de la Fédération du Mali, il est nommé Ministre de l’Intérieur et de la Défense. Au lendemain de ces événements la presse titrait en légende sous sa photo: «L’homme qui a sauvé le Sénégal.» En effet, grâce à son sang-froid, c’est lui qui prend toutes ses responsabilités en tant que Ministre de l’Intérieur du Sénégal pour neutraliser l’action de ses adversaires.

En août 1962, il devient Ministre des finances

En décembre 1962, le destin de Valdiodio N’Diaye bascule dans la tragédie.

Tandis qu’il est lui-même mis en arrestation, son épouse, Claire et leurs quatre enfants sont expulsés du Sénégal. Il sera interdit aux enfants de voir leur Père pendant dix ans. Accusé injustement de complot contre l’Etat, ce leader africain qui a oeuvré pour la liberté et prouvé son attachement aux valeurs démocratiques, est condamné à 20 ans de prison pour complicité et tentative de coup d’Etat. Pourtant, à l’issue du procès, le Procureur général n’a réclamé aucune peine ! Valdiodio N’Diaye et ses compagnons d’infortune, Mamadou Dia ainsi que trois membres du gouvernement, se retrouvent en prison à Kédougou, tenus dans l’isolement le plus terrible, au mépris le plus absolu des droits fondamentaux et cela pendant douze longues années.

«Prenez l’indépendance et le reste vous sera donné par surcroît.»( Nkrumah) Non la justice n’est pas incluse dans ce reste qui est donné par surcroît. Il faut la forger avec son cerveau, avec sa conscience, avec son coeur. Par son versant politique, elle domine et déborde les frontières nationales pour intéresser l’humanité entière.»

Valdiodio N’Diaye

Cette phrase visionnaire écrite en 1963 préconise déjà la nécessité de la création de tribunaux internationaux.

«Claire N’Diaye, en dépit de meurtrissures physiques et morales sans nom, assumera pendant toute la durée de la détention de son mari, les responsabilités et devoirs d’une compagne courageuse et fidèle. »

Mamadou Dia

Valdiodio N’Diaye, grâce à une mobilisation internationale de personnalités tant politiques que civiles, est enfin libéré en 1974. Il aura donc passé 12 ans en prison. La douloureuse expérience de

la prison renforcera sa force spirituelle et son mysticisme grâce auxquels il aura réussi à surmonter l’épreuve. Après sa libération il se consacre à son cabinet d’Avocat à Dakar, place de l’Indépendance.

Il meurt le 5 mai 1984, il repose à Kaolack, sa ville natale. Le Lycée de Kaolack porte son nom. Le 4 avril 2010, la Mairie de Dakar, à l’occasion du Cinquantenaire des indépendances africaines, annonce que la Place de l’Indépendance, s’appelle désormais: « Place Valdiodio N’Diaye »

«Le Ministre de l’Intérieur Maître Valdiodio N’Diaye a rappelé le rôle historique de cette place qui par deux fois a vu s’affronter les forces vives de la Nation, en souhaitant que sur cette place, flottent tous les drapeaux, sans exception aucune, des nations indépendantes».

Extrait archives sonores inauguration de la Place de l’indépendance le 4 avril 1961

La place de l’indépendance joue un rôle majeur dans la destinée de Valdiodio N’Diaye. C’est là que se trouvait son bureau, au Ministère de l’intérieur où il est resté 5 ans. C’est là qu’il a reçu le

Général de Gaulle pour prononcer son retentissant discours et c’est à cet endroit que la foule se rassemblera lors de l’éclatement de la Fédération du Mali. C’est lui qui a inauguré la place en 1961.

C’est enfin là qu’il installera son cabinet d’avocat après sa libération.

«Quand les Etats africains sont sortis de la nuit coloniale, ce n’était point pour s’engouffrer dans une nuit plus noire. Quand Michel-Ange a sculpté la chapelle Médicis, il a gravé sur le piédestal de la Nuit: «Si c’est pour voir la tyrannie ne te retourne pas.» Non, ce n’était pas l’aspiration à un surcroît de ténèbres qui animait ceux qui ont déchiré la nuit, coloniale,ceux qui continuent encore à la pourchasser, partout où elle persiste à maintenir ses voiles.»

Amina Ndiaye Leclerc

Extrait lettres Valdiodio N’Diaye

7 COMMENTAIRES
  • Moustapha Ndiaye

    Père de la nation .Papa Waaly le Sénégal en général et le Saloum en particulier vous doivent beaucoup.

    • max

      la nation n’a pas de père. il a juste été employé par la nation à un moment donné. il a été nommé à un poste.

  • karime

    yaw Max kugis linga bind fi xamne doo waa Afrik boode waa Afrik it doon nit ku ñuul boode nit ku ñuul ít ab dof nga te Ab dof Yálla teguko darra .
    te kay ma xamala lu tuuti ne nekk ku ñuul taxula nek Saa,Afrik waaye,it nekk ku weex terewula nek Saa,Afrik danga wara nek waa Afrik,ak Saa,Afrik sooga maat séek linga doon ndax loolu liy firndeji mooy Leopol sengor ku ñuul woon kuuk.
    Abdu juuf dafa ñuul .
    Mbaxaan dafa ñuuloon di doomi Buur.
    Maam Abdu Lóo ku ñuul la woon,waante ñoom ñépp dañoo jaayoon seen ñulaay ya jéndeko ak Tubaabe mootaxit toskare ñeel na leen.
    Ana ñaan ñooy déeg déegi doomi Afrik te xamko wanee ko ñiila woon.
    A Blees jaañ
    B Seex Antaa Jóob
    C Wáljooja Njaay.
    D Mámádu Jà
    E Abdulaay waad.
    ak Máxmuut Jóob,
    Bábakar Njuuga kebee
    Alaaji jiili Mbáy
    Ñii ñoodon ay Askànoo waa Afrik, gu Ñuul tek ca di waa Senegaal ken duka sik mba sak,a yaw nit xalaatal ba xam foo fi bokk

  • kouthia rekk

    il s est sacrifie pour son peuple…voila la lecture que j en fait…sacrifice utile…rien ne vaut l indépendance…..Merci Waldiodio….

  • lune

    Yaaw KARIME : yaaw yaa maana doul ,, tu est qui pour juger de qui est qui ? N’diaye Wally c’est vrai est un très grand patriote comme beaucoup d’autres , mais avant lui et même avant que le Sénégal ne s’appelle Sénégal des gens ont œuvré pour ce pays , et ils étaient même plus méritant car s’étant seulement battu pour l’honneur du pays N’diaye Wally était payé pour ce qu’il faisait à l’époque et n’a rendu que infime parti de ce que le Sénégal lui avait donné c’est pour dire que le Sénégal est et sera toujours plus grand et plus important que tous ses enfants , quand à la sélection que tu fais des hommes noirs ça n’engage que toi , tu ne représentes rien pour que ta sélection soit une vérité je prends deux exemples dans tes choix Senghor et Wade , seul le peuple à raison et seule l’histoire restera , Senghor a dirigé le pays jusqu’à laissé il n’a jamais été battu à aucune élection ce qui n’est pas le cas de Wade , a l’international senghor a été reconnu et adoubé après son départ ce qui n’est pas le cas de wade , pendant le magistère de Senghor tous les africains étaient presque des sénégalais car à l’étranger on ne voyait l’africain qu’à travers Senghor , sous Wade non , et comme on dit sans Senghor il y’ aurait point de Wade . Je te rassure je ne suis pas Senghoriste j’ai même beaucoup de chose à lui reprocher mais chacun des deux quoi qu’on en dise à laissé des choses pour le pays bonnes et mauvaises , la prostitution que tu fais ça suffit .

  • El Ndiaye

    LUNE yaa wax dëg

  • Abdouramanou

    Les vrais africains et non les valets de l’impérialisme, car dès sa naissance avec son statut de citoyen francais il pouvait se contenter et vivre dans toutes l’oppulance et l’arrogance celui-ci a préféré ses origines traditionnelles et naturel paix à son âme que la terre de nos aies lui soit légère!

Publiez un commentaire