Univers carcéral: 3 924 en détention provisoire, 5 386 sous le coup d’une peine privative de liberté, 91 condamnées à perpét’…

 Au Sénégal, la surpopulation carcérale pose la récurrente équation des longues détentions et alimente le débat sur les conditions de détention dans les lieux de privation de liberté. Brûlantes questions, à l’analyse de la radioscopie de la cartographie de la population carcérale au sein des 37 prisons du pays. «L’Observateur» décrypte la situation carcérale au cours de la dernière décennie, précisément de 2004 à 2017.

La vie en milieu carcéral au Sénégal, cette dernière décennie, a connu d’importantes mutations. Positives ou négatives ? La question reste entière, à l’analyse des tableaux illustrant son image tantôt blafarde, tantôt opaque… et qui cherche désespérément à se lustrer. Le constat est tenace qu’au cours de la dernière décennie, la vie en prison a évolué, à bien des niveaux, en dents de scie. Un constat conforté par un document des services de l’Administration pénitentiaire, cartographiant la population carcérale ainsi que les conditions de détention, de 2004 à 2017, dans les 37 prisons du pays.

3 924 détenus provisoires, 5 386 sous une peine privative de liberté, 91 condamnés à perpétuité…

3 569 Sénégalais en détention provisoire – De l’étude des dernières statistiques sur la situation carcérale au Sénégal, il ressort qu’à la date du 2 janvier 2017, plusieurs milliers de personnes font l’objet d’une détention provisoire. Le recensement effectué dans les 37 établissements pénitentiaires du pays plafonne à 3 924, le nombre de détenus provisoires, soit 42,15%. Dans ce registre, il a été listé 3 569 Sénégalais, dont 3 269 hommes, 173 femmes et 127 mineurs. La communauté étrangère dans les prisons est chiffrée à 355 détenus, dont 325 hommes, 24 femmes et 6 mineurs.

 9 310 détenus condamnés à une peine privative de liberté – À la date sus-indiquée, les statistiques axées sur les personnes condamnées à une peine privative de liberté caracolent à 5 386 détenus, soit 57,85%. A l’analyse, l’écrasante majorité de ces détenus est composé de 4 786 Sénégalais, dont 4 620 hommes, 112 femmes et 54 mineurs. Concernant les détenus de nationalité étrangère, leur nombre, relativement important, renseigne sur le caractère cosmopolite de la population carcérale, avec 600 prisonniers, dont 562 hommes, 36 femmes et 2 mineurs, soit 10,25% de l’effectif total. Le cumul de ces détenus (Sénégalais et étrangers) contre qui, une peine privative de liberté a été prononcée, est de 9 310 personnes, 94,26% d’hommes, contre 3,71% de femmes et 2,03% de mineurs.

 374 prisonniers en situation de longue détention – Considérables ont été les efforts consentis, dernièrement, par le Législateur, les acteurs de la Justice et l’Administration pénitentiaire, pour réduire la récurrente question des longues détentions qui déteignent inéluctablement sur la surpopulation carcérale. A la date sus-indiquée, le nombre de personnes sous le coup d’une longue détention de 3 ans et plus est de 374 prisonniers. Dans le même ordre, les statistiques parlent de 91 personnes condamnées aux travaux forcés à perpétuité. Dans la seule prison de Rebeuss, les prisonniers sous le coup d’une longue détention sont chiffrés à 290, pour près de 1 800 détenus provisoires.

 Tendance de la situation carcérale de 2004 à 2015

 26 045 hommes, 1 276 femmes, 1 529 mineurs et 1 572 étrangers écroués en 2015

Un coup d’œil sur les statistiques apprend que la population pénale (*effectif carcéral du 1erjanvier au 31 décembre d’une année donnée plus les personnes écrouées), prisons, en 2015, se chiffrait à 37 263 personnes. L’effectif carcéral (*nombre de personnes placées dans les liens de la détention, par jour), en 2015, est de 8 419. Le nombre de personnes écrouées (*placées sous mandat de dépôt), en 2015, est chiffré à 28 844. Dans ce lot, 26 045 hommes, soit 90,03%, 1 276 femmes, soit 4,4%, contre 1 529 mineurs, soit 5,3%. La communauté étrangère est chiffrée à 1 572 détenus, soit 5,45%. Une tendance haussière, comparativement au recensement effectué courant 2014, où la population pénale était de 36 028 personnes, contre un effectif carcéral de 27 439 et un effectif de 8 589.

En 2013, les statistiques ont donné les résultats suivants : une population pénale de 34 617, un effectif carcéral de 8 428, contre 27 439 écrouées. En 2012, le recensement chiffre à 33 337, la population pénale, pour un effectif carcéral de 7 611 et 25 726 écrouées. Une population pénale de 28 785 a été listée en 2011, où l’effectif carcéral a plafonné à 7 179, contre 21 606 personnes écrouées. En 2010, la population pénale a atteint, 29 980 personnes, contre un effectif carcéral de 7 550, pour un total de 22 430 personnes écrouées. En 2009, il a été relevé globalement une population pénale de 31 635 personnes, un effectif carcéral de 6 577 et 25 058 personnes écrouées. En 2008, la population pénale était de 31 814, contre un effectif carcéral de 6 487, dont 25 058 écrouées. En 2007, le recensement effectué affichait une population pénale de 30 216, pour un effectif carcéral de 6 363, contre 23 853 écrouées. En 2006, il a été dénombré une population pénale de 31 373 personnes, un effectif carcéral de 6 417 et 24 956 personnes écrouées. En 2005, la population pénale était de 25 788, contre un effectif carcéral de 6 833 et 18 955 écrouées. Enfin, en 2004, une population pénale de 26 907 est listée, pour un effectif carcéral de 6 552, contre un total de 20 355 personnes écrouées.

2012-2016 : 8 291 détenus graciés et 1 106 libérations conditionnelles accordées

L’analyse de la situation carcérale a également permis de s’attarder sur les registres relatifs aux grâces présidentielles, ainsi qu’aux libérations conditionnelles. De 2012 à 2016, 8 291 détenus ont recouvré la liberté à la faveur de la précieuse grâce présidentielle.

Courant 2012, 1 358 détenus ont été graciés, contre aucune libération conditionnelle. L’année suivante (2013), 1 208 détenus ont été graciés, contre 184 mis en liberté conditionnelle. En 2014, 1 915 détenus ont rejoint les leurs à la faveur d’une grâce présidentielle, contre 669 libérations conditionnelles. En 2015, le nombre de détenus graciés est de 2 126, contre 102 à la faveur d’une libération conditionnelle. Courant 2016, 1 684 détenus ont bénéficié de la grâce présidentielle, contre 151 libérations conditionnelles. Ainsi, de 2012 à 2016, 8 291 détenus ont été graciés par le chef de l’Etat et 1 106 ont rejoint les leurs à la faveur d’une libération conditionnelle.

Source: l’Observateur

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