« Une fenêtre ouverte »: Le documentaire de Khady Sylla projeté au MCN, une œuvre majeure sur la folie et la résilience

Le Musée des Civilisations Noires (MCN) a projeté mercredi dernier le documentaire de Khady Sylla, « Une fenêtre ouverte », devant un public nombreux. Ce film, réalisé en 1994, explore la folie et les limites de la normalité à travers le dialogue silencieux entre la réalisatrice et Aminta Ngom, une femme exposant publiquement sa maladie mentale dans les rues de Dakar.

Le film, selon le professeur Baba Diop du CESTI et critique de cinéma, possède une « dimension thérapeutique » où la caméra devient un outil de survie et de résilience. Il met en scène trois voix : celle d’Aminta, celle de Khady derrière la caméra, et celle de l’écrivaine Khady Sylla, lisant ses propres textes. « Khady filme Aminata, mais elle se filme aussi. Elle filme la part d’elle-même en Aminta. Le silence, dans ce film, n’est pas vide. Il est habité, il parle. », a souligné Baba Diop lors du débat qui a suivi la projection, modéré par le journaliste Moka Kamara du quotidien national Le Soleil.

M. Hadim, proche de la cinéaste, a évoqué la personnalité de Khady Sylla, décrivant une femme « d’un humanisme profond, spirituelle, libre, en avance sur son temps ». Il a retracé son parcours, de ses années au lycée Lamine Guèye à ses engagements à Paris, soulignant son militantisme, son amour des gens ordinaires et sa sensibilité artistique. Alassane Cissé, journaliste culturel et condisciple de Khady Sylla, a qualifié le film d’œuvre majeure, saluant « une redécouverte d’une voix singulière du cinéma africain, d’une artiste qui s’est sacrifiée pour son art, comme Bob Marley ou Jimi Hendrix ». Les défis liés à la santé mentale au Sénégal sont nombreux, comme le souligne un article de Senego.

Le directeur général du MCN, le professeur Mouhamed Abdallah Ly, a mis l’accent sur la force sociologique du film, soulignant qu’il « interroge notre rapport à la folie, à la différence, au soin ». Il a proposé l’organisation de journées dédiées à la psychiatrie et au cinéma pour approfondir ces questions. « Une fenêtre ouverte » est ainsi présentée comme une œuvre qui invite à la réflexion sur notre capacité à écouter et à reconnaître l’autre dans sa complexité.

Pour rappel, Baba Diop a rappelé « la dimension thérapeutique du film ou la caméra devient instrument de survie voire de résilience », selon le journal Sud Quotidien. Des initiatives similaires pour aborder la santé mentale ont lieu ailleurs en Afrique, comme en Côte d’Ivoire. L’œuvre de Khady Sylla, « Une fenêtre ouverte », reste donc une œuvre puissante et poignante, un témoignage artistique sur la folie et la résilience.

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