« Un Commandant de Police sauvagement tué me parle », Par l’Adjudant Mbaye Sady Diop

Hier, j’ai mal dormi. Des fantômes de policiers sauvagement tués m’ont réveillé. J’ai pu reconnaître certains visages comme celui du Lieutenant Modou Diop, je ne dis pas Mamadou Diop mais bien Modou Diop. Ces policiers ont été sauvagement assassinés sur le Boulevard du Centenaire Chic! Un 16 février. Modou Diop me dit Inspecteur, l’autre était muezzin. Mais, ma dévotion pour l’Islam et le mouridisme ne faisait-ils pas que vous m’appeliez Serigne Modou. Inspecteur n’oublie pas que c’est aussi durant ce mois de dévotion, de pardon que moi et mes camarades ont été sauvagement tués. Moi avec mes khassaïdes, les autres avec leurs chapelets ou leur Coran.

Inspecteur, Fodé Ndiaye est mon esclave mais aussi mon fils. Je ne pourrai te reprocher que tu parles de lui et que tu fasses tout pour que son nom ne tombe pas dans l’oubli. Mais Inspecteur, j’étais ton grand frère, ton ami, ton chef même si cette partie se trouve la moins importante pour moi. Et je compte sur toi pour rappeler à nos compatriotes mais aussi à la face du monde que nous avons payé de nos vies pour garantir la sécurité du pays et de nos institutions.

Inspecteur, je te signale qu’ici j’ai rencontré d’autres policiers qui ont été tués dans l’exercice de leur fonction. N’est-ce pas que l’un me disait que c’est dans un village de la petite côte que des trafiquants de drogue l’ont présentés comme voleur avant qu’il ne soit la furie des populations.

Inspecteur à quand une salle, une rue, une place à nos noms? Je pense que si l’Avenue du Centenaire ne peut pas être rebaptisé au moins le rond-point le plus proche de là où nous sommes tombés pourrait être baptisé « Rond-point du 16 février » ou pour faire la mode « RP16 Février ».

Merci mon Commandant. Tu es parti Lieutenant, mais des camarades de promotions Cheikh Mar, Lamine Sarr dont devenus des Commandants. Quant à moi, j’ai cessé d’être Inspecteur depuis 2009. Je suis un Adjudant de Police.

Modou Diop : « Non domou baye, tu avais choisi l’option enquêteur », c’est moi qui était Adjudant avant de devenir Officier de paix ».

Mon Commandant, je reviendrai vers toi pour te parler de ta police que tu ne reconnaîtrais plus si tu revenais.

Reposes en paix ainsi que tous les collègues décédés en service par la furie humaine.

Signé : Un Cœur qui saigne