Le taux de remplissage des barrages en Tunisie atteint son plus bas niveau depuis plus de trente ans, selon Houcine Rhili, un expert en développement et ressources en eau. Dans un entretien accordé à l’agence de presse publique tunisienne TAP, il exprime ses inquiétudes face à cette situation préoccupante.
En effet, au 3 octobre, le taux de remplissage des barrages ne dépassait pas 21,6%. Cette situation est causée par un changement dans le schéma des intempéries : 80% des pluies se sont abattues sur des régions telles que le Sahel, le Cap Bon et le sud-ouest, où il n’y a pas de barrages. Les zones du nord et du nord-ouest, traditionnellement pourvoyeuses d’eau, ont connu de faibles précipitations, limitant ainsi les apports en eau.
Malgré cela, les pluies dans ces zones ont eu un effet bénéfique sur les nappes phréatiques superficielles, améliorant la qualité des cultures comme les oliveraies à Sfax et Sidi Bouzid. Rhili souligne que la baisse des réserves en barrage résulte aussi de l’utilisation accrue des ressources hydrauliques pour l’irrigation et la consommation d’eau potable. Les barrages approvisionnent 13 gouvernorats en eau potable.
Pour remédier à la pénurie, Rhili recommande de développer une stratégie nationale sur 5 à 7 ans, nécessitant un budget de 20 milliards de dinars. Ceci inclut des mesures pour réduire le gaspillage d’eau dû à la vétusté des infrastructures, représentant jusqu’à 50% des pertes dans certains gouvernorats.
Il appelle également à rénover les périmètres irrigués, où le gaspillage dépasse 30%. Selon lui, récupérer ces eaux pourrait répondre aux besoins résidentiels pour une période d’un an et demi, à un coût bien inférieur à celui du dessalement.
Enfin, l’expert préconise d’exploiter davantage les eaux usées traitées par l’Office national de l’assainissement pour l’irrigation. La Tunisie, avec seulement 400 m³ d’eau par habitant et par an, reste en dessous du seuil de stress hydrique fixé à 500 m³ par habitant, objectif que le pays doit impérativement atteindre pour maintenir sa sécurité hydrique.