Tunisie : Le silence oppressant des associations face à la situation migratoire

Les locaux de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) de Sfax sont bien cachés. La présidente de l’antenne locale, Naïma Nassiri, exprime ses craintes face à la situation tendue. La pression sur les associations a augmenté suite aux violences racistes et xénophobes qui ont éclaté début juillet, après la mort d’un Tunisien lors d’une rixe avec des exilés subsahariens. Plus de 2 000 Africains noirs ont été déportés de force vers le désert, suscitant l’indignation de plusieurs associations humanitaires.

Le président tunisien, Kaïs Saïed, a critiqué le travail des associations sans les nommer directement. Il accuse ces organisations de manipuler l’opinion publique et de porter atteinte à la Tunisie. Malgré ces accusations, la situation est urgente à Sfax, où des milliers d’exilés errent dans les rues ou se cachent, livrés à eux-mêmes suite à la signature d’un accord entre l’Union européenne et la Tunisie pour empêcher les départs de migrants vers l’Europe.

Obtenir des informations sur la question migratoire à Sfax est presque impossible. Le Croissant-Rouge, seule ONG mandatée par l’État pour aider les migrants, distribue quotidiennement de la nourriture. Cependant, obtenir une autorisation de l’Etat pour s’exprimer est un processus complexe. Le climat de peur n’empêche pas Naïma Nassiri et les autres bénévoles de l’ATFD de venir en aide aux femmes exilées. Chaque jour, ils recueillent les localisations secrètes où ces femmes se cachent et leur fournissent des fournitures de base.

Depuis l’instauration d’un régime quasi ‘présidentialiste’ par Kaïs Saïed en juillet 2021, l’opposition, les médias, la justice et les associations sont régulièrement la cible d’attaques et d’arrestations. Les défenseurs des droits des migrants font face à des défis de plus en plus importants. La situation s’aggrave de jour en jour, et la propagation de maladies parmi les exilés est une préoccupation majeure. Les associations continuent néanmoins leur travail, malgré la diminution de leurs ressources et l’augmentation du nombre de personnes dans le besoin.

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